Poème 'Suivant Pétrarque' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

Suivant Pétrarque

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Vous sortiez de l’église et, d’un geste pieux,
Vos nobles mains faisaient l’aumône au populaire,
Et sous le porche obscur votre beauté si claire
Aux pauvres éblouis montrait tout l’or des cieux.

Et je vous saluai d’un salut gracieux,
Très humble, comme il sied à qui ne veut déplaire,
Quand, tirant votre mante et d’un air de colère
Vous détournant de moi, vous couvrîtes vos yeux.

Mais Amour qui commande au coeur le plus rebelle
Ne voulut pas souffrir que, moins tendre que belle,
La source de pitié me refusât merci ;

Et vous fûtes si lente à ramener le voile,
Que vos cils ombrageux palpitèrent ainsi
Qu’un noir feuillage où filtre un long rayon d’étoile.

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Commentaires

  1. Papillon de septembre
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    Papillon bicolore, aimable hôte des cieux,
    On écrivit sur toi des chansons populaires ;
    Car tu fus visiteur des fontaines peu claires,
    De la lande bretonne et de mille autres lieux.

    Et je te vois voler, ici, de mieux en mieux,
    Ce qui, tu t’en doutais, ne saurait me déplaire,
    Papillon sans tourment, papillon sans colère :
    La plus grande douceur s’exprime dans tes yeux.

    Car tu ne fus jamais un insecte rebelle,
    Tu crois que l’air est pur et que la vie est belle,
    Et volontiers tu dis à toutes gens merci.

    Peut-être, l’univers pour toi n’a pas de voile,
    Tu déchiffres sans mal le jargon des étoiles,
    Tu penses simplement : le cosmos est ainsi.

  2. Église imperceptible
    ------------

    Regardant vers l’église, on ne voit que les cieux,
    On ne voit que les quais sous la clarté solaire ;
    D’où cela provient-il, la chose n’est pas claire,
    Un sombre sortilège a transformé ce lieu.

    J’y viens jour après jour, et ça ne va pas mieux,
    Aux gens de ce quartier la chose doit déplaire ;
    Un malveillant démon a-t-il, dans sa colère,
    Rendu le lieu du culte invisible à nos yeux ?

    -- Cesse donc ton caprice, inframondain rebelle,
    Reconnais avec nous que cette église est belle,
    Reviens à la raison, ne sois pas sans merci.

    Mais le diable farceur jamais ne se dévoile,
    Faute d’église on voit le ciel semé d’étoiles,
    Gloire à Dieu s’il voulait que cela fût ainsi.

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José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

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