Apportez vos chaudrons, sorcières de Shakespeare
Apportez vos chaudrons, sorcières de Shakespeare,
Sorcières de Macbeth, prenez-moi tout l’empire,
L’ancien et le nouveau ; sur le même réchaud
Mettez le gros Berger et le comte Frochot,
Maupas avec Réal, Hullin sur Espinasse,
La Saint-Napoléon avec la Saint-Ignace,Fould et Maret, Fouché gâté, Troplong pourri,
Retirez Austerlitz, ajoutez Satory,
Penchez-vous, crins épars, oeil ardent, gorge nue,
Soufflez à pleins poumons le feu sous la cornue ;
Regardez le petit se dégager du grand ;
Faites évaporer Baroche et Talleyrand,
Le neveu qui descend pendant que l’oncle monte ;
Que reste-t-il au fond de l’alambic ? La honte.Jersey. 26 mai 1853.
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Victor HUGO
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Fils d’un général d’Empire souvent... [Lire la suite]
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Je vis un alambic dans la maison d'un juge,
Dont cet homme tirait des profits clandestins.
Qu’importe, pensait-il, après nous, le déluge,
« Cras moriturus sum», comme on dit en latin.
Les buveurs du quartier, trouvant chez lui refuge,
Venaient pour consommer (parfois, dès le matin)
Qui furent du labeur ainsi toujours transfuges,
Chacun d’eux savourant l’ivresse qui l’atteint.
Bacchus mérite-t-il une gloire éternelle ?
Sur ce vaste sujet, le bon sens nous rappelle
Qu’on trouve du danger aux capiteux brouillards ;
Ce juge-tavernier boit, à son ordinaire,
L’eau qui plaisait aussi à Monsieur Fenouillard ;
Il ne mélange pas sa vie et ses affaires.
Dragon tavernier
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Chez ce noble dragon l’assoiffé prend refuge,
Car il tient un troquet qui n’est point clandestin ;
Si la chaleur est forte ou s’il tombe un déluge,
Alors «est bibendum» comme on dit en latin.
S’accouder au comptoir n’est pas un subterfuge,
Ce que dit le patron n’est pas du baratin .
Lui qui de l’inframonde est un heureux transfuge,
Il cherche la sagesse, et parfois, il l’atteint.
La soif dure longtemps, mais n’est pas éternelle,
L’horloge de la gare à l’ordre nous rappelle,
Sauf si la dissimule un opportun brouillard.
Nous aimons savourer des boissons ordinaires,
Il faut ça pour remplir nos ventres rondouillards ;
Il sera toujours temps de songer aux affaires.
Monstre cellérier
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Dans ma cave réside un monstre lucifuge,
Je pense qu’il agit en buveur clandestin ;
C’est un comportement qui remonte au déluge,
« Hoc est calix mea » grogne-t-il en latin.
Il échappe aux regards par mille subterfuges,
Sauf s’il est endormi dans le petit matin ;
Loin de lui le désir de quitter son refuge,
Car il est affaibli par l’âge qui l’atteint.
Aucun désir en lui d’une vie éternelle,
Du prêtre il n’entend point la sotte ritournelle ;
Il n’a point pour mentor l’ensoutané paillard.
Il n’est pas dangereux, c’est un monstre ordinaire,
Par manque d’exercice il devient rondouillard ;
Mais je ne lui dis rien, cela, c’est son affaire..
Monstre cellérier
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Dans ma cave réside un monstre lucifuge,
Je pense qu’il agit en buveur clandestin ;
C’est un comportement qui remonte au déluge,
« Est calix sanguinis » grogne-t-il en latin.
Il échappe aux regards par mille subterfuges,
Sauf s’il est endormi dans le petit matin ;
Loin de lui le désir de quitter son refuge,
Car il est affaibli par l’âge qui l’atteint.
Aucun désir en lui d’une vie éternelle,
Du prêtre il n’entend point la sotte ritournelle ;
Il n’a point pour mentor l’ensoutané paillard.
Il n’est pas dangereux, c’est un monstre ordinaire,
Par manque d’exercice il devient rondouillard ;
Mais je ne lui dis rien, cela, c’est son affaire..
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À Burdigala,
Dans la cave est la sagesse,
Allons-y ensemble.
Seigneur dragon
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Jamais je ne fus un rebelle,
Puisqu’au Roi j’ai prêté serment ;
J’aime ce monarque clément,
Je lui serai toujours fidèle.
Lorsque mes vassaux se querellent,
Ils encourent mon jugement ;
Mais il advient fort rarement
Que de pareils cas je me mêle.
Assez modeste est mon terroir,
Et sans prétention mes manoirs ;
Mais d’assez beaux arbres j’y plante.
Dans un enclos, j’ai quelques porcs
Dont la compagnie est plaisante ;
Ils mourront de leur belle mort.