En frappant à une porte
J’ai perdu mon père et ma mère,
Mon premier né, bien jeune, hélas !
Et pour moi la nature entière
Sonne le glas.Je dormais entre mes deux frères ;
Enfants, nous étions trois oiseaux ;
Hélas ! le sort change en deux bières
Leurs deux berceaux.Je t’ai perdue, ô fille chère,
Toi qui remplis, ô mon orgueil,
Tout mon destin de la lumière
De ton cercueil !J’ai su monter, j’ai su descendre.
J’ai vu l’aube et l’ombre en mes cieux.
J’ai connu la pourpre, et la cendre
Qui me va mieux.J’ai connu les ardeurs profondes,
J’ai connu les sombres amours ;
J’ai vu fuir les ailes, les ondes,
Les vents, les jours.J’ai sur ma tête des orfraies ;
J’ai sur tous mes travaux l’affront,
Aux pieds la poudre, au cœur des plaies,
L’épine au front.J’ai des pleurs à mon oeil qui pense,
Des trous à ma robe en lambeau ;
Je n’ai rien à la conscience ;
Ouvre, tombeau.Marine-Terrace, 4 septembre 1855.
Poème préféré des membres
guillaumePrevel et Zorgloub ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.
Victor HUGO
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Fils d’un général d’Empire souvent... [Lire la suite]
- Approchez-vous. Ceci, c'est le tas des...
- Le Progrès calme et fort, et toujours...
- L'histoire a pour égout des temps comme les...
- Quand l'eunuque régnait à côté du césar
- A un qui veut se détacher
- Pasteurs et troupeaux
- Ainsi les plus abjects, les plus vils, les...
- Ce serait une erreur de croire que ces choses
- Ô Robert, un conseil. Ayez l'air moins...
- A propos de la loi Faider
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire