Poème 'Je payai le pêcheur qui passa son chemin' de Victor HUGO dans 'Les Contemplations'

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Je payai le pêcheur qui passa son chemin

Victor HUGO
Recueil : "Les Contemplations"

Je payai le pêcheur qui passa son chemin,
Et je pris cette bête horrible dans ma main ;
C’était un être obscur comme l’onde en apporte,
Qui, plus grand, serait hydre, et, plus petit, cloporte ;
Sans forme, comme l’ombre, et, comme Dieu, sans nom.
Il ouvrait une bouche affreuse, un noir moignon
Sortait de son écaille ; il tâchait de me mordre ;
Dieu, dans l’immensité formidable de l’ordre,
Donne une place sombre à ces spectres hideux ;
Il tâchait de me mordre, et nous luttions tous deux ;
Ses dents cherchaient mes doigts qu’effrayait leur approche ;
L’homme qui me l’avait vendu tourna la roche ;
Comme il disparaissait, le crabe me mordit ;
Je lui dis : — Vis ! et sois béni, pauvre maudit ! -
Et je le rejetai dans la vague profonde,
Afin qu’il allât dire à l’océan qui gronde,
Et qui sert au soleil de vase baptismal,
Que l’homme rend le bien au monstre pour le mal.

Jersey, grève d’Azette, juillet 1855.

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Commentaires

  1. Lord Crab
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    Je ne fais pas dans la dentelle,
    Un rocher me sert de palais ;
    Ne me dis pas que je suis laid,
    Fort belle est mon âme immortelle.

    Je souris quand je me rappelle
    Le mal d’amour qui me brûlait ;
    J’offrais de ravissants galets
    À la crabette la plus belle.

    Les pêcheurs avec leur bateau
    Pour nous prendre se lèvent tôt ;
    C’est à l’aube qu’ils appareillent.

    Mais il ne m’auront pas, c’est clair :
    Ils iront, ça m’en a tout l’air,
    Au port vider quelques bouteilles.

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