Poème 'Chanson de fou (I)' de Émile VERHAEREN dans 'Les Campagnes Hallucinées'

Chanson de fou (I)

Émile VERHAEREN
Recueil : "Les Campagnes Hallucinées"

Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ;
Ce sont les yeux qu’on m’a volés
Quand mes regards s’en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.

Mon frère ? – il est quelqu’un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C’est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin, là-bas,
Qui tourne au vent,
Sur ce moulin de bois.

Et Celui-ci, c’est mon cousin
Qui fut curé et but si fort du vin
Que le soleil en devint rouge ;
J’ai su qu’il habitait un bouge,
Avec des morts, dans ses armoires.

Car nous avons pour génitoires
Deux cailloux
Et pour monnaie un sac de poux,
Nous, les trois fous,
Qui épousons, au clair de lune,
Trois folles dames, sur la dune.

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Commentaires

  1. Trois sortes de fous
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    L'ivrogne a tant bu de vin blanc !
    La terre, indubitablement,
    Tourne, et sautille, et fait la fête ;
    Elle t'a donné de l'argent,
    Vieux tavernier, c'est chose faite.

    Le meunier teste le froment
    En l'écrasant avec ses dents ;
    Puis il fait un signe de croix
    Sur les trois bouteilles qu'il boit
    Afin d'accroître son courage
    Et d'avoir du coeur à l'ouvrage.

    Le curé se remplit de vin,
    Alors il croit qu'il est devin
    Et prédit à tout ce qui bouge
    La Grande Apocalypse Rouge.

    Ils ont du sel dans leurs armoires
    Pour purifier leurs génitoires
    Qu'il rafraîchissent aux cailloux,
    Disant le Sonnet des Hiboux
    Aux chauves-souris de la dune
    Et au grand lapin de la lune.

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