Poème 'La Petite Vierge' de Émile VERHAEREN dans 'Les Douze Mois'

La Petite Vierge

Émile VERHAEREN
Recueil : "Les Douze Mois"

La petite Vierge Marie
Passe les soirs de mai par la prairie,
Ses pieds légers frôlant les brumes,
Ses deux pieds blancs comme deux plumes.

S’en va comme une infante,
Corsage droit, jupes bouffantes,
Avec, à sa ceinture, un bruit bougeant
Et clair de chapelet d’argent.

Aux deux côtés de la rivière
Poussent par tas les fleurs trémières,
Mais la Vierge, de berge en berge,
Ne cherche que les lys royaux
Qui s’érigent au bord de l’eau
Comme flamberges.

Et puis saisit entre ses doigts,
Un peu roides de séculaire empois,
Un insecte qui dort, ailes émeraudées,
Au coeur des plantes fécondées.

Et de sa douce main, enfin,
Détache une chèvre qui broute
A son piquet, au bord des routes,
Et doucement la baise et la caresse
Et gentiment la mène en laisse.

Alors, la petite Vierge Marie
S’en vient trouver le vieux tilleul de la prairie,
Dont les rameaux pareils à des trophées
Recèlent les mille légendes,

Et, humble, adresse enfin ces trois offrandes,
Sous le grand arbre, aux bonnes fées,
Qui autrefois, au temps des merveilleuses seigneuries,
Furent comme elle aussi
Les bonnes dames de la prairie.

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Commentaires

  1. Quand Gabriel a dit : « Marie, tu seras mère »,
    Tu compris que ton fils irait à triste mort,
    Et tout en acceptant l'inacceptable sort,
    Ton coeur versa sur lui des larmes très amères.
    *
    Puis tu l'as fait grandir d'une vie de lumière,
    Lui montrant qu'on ne doit à nul causer de tort,
    Que pour dire le vrai il faut parler bien fort,
    Sans trop se montrer tendre à ce corps de poussière.
    *
    Puis tu l'as vu marcher sur les humbles sentiers,
    Et les prêtres doutaient qu'un fils de charpentier
    Ait droit de célébrer les divins sacrifices.
    *
    Enfin, parmi la foule, à son exécution,
    L'effroi gagnant ton âme en noire perdition,
    Tu l'as vu, transpercé, sur les bois de justice.

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