Poème 'Amarante' de JuCharline83

Amarante

JuCharline83

La poésie est une femme qui émerveille.
Fidèle aux rêves du poète et de l’enfant,
Elle ajoure leurs réveils de fées et défend
Leur jardin secret comme le bonheur en éveil.

Sa fenêtre porte le nid des hirondelles,
Son verger est tout d’amour avec le printemps ;
Elle conjure et adoucit au fil du temps
Les maux ; elle abrite le beau sous son ombrelle.

Voyageuse des confins, autour du grand monde,
Sur l’élytre d’un insecte ou l’aile d’un oiseau,
Elle sait le vert rameau et la tige du roseau
Qui ne cèdent pas à la bise furibonde.

Elle donne sa voix à ceux qui n’en ont pas,
Ou à celles dont on a tort de croire qu’elles
N’en ont pas ; parfois on les entend dans les bois,
Elles qui de la terre sont les arcs-en-ciel.

Elles ont pour noms fleuris Eglantine ou Rose.
On ne sait pas si elles sont filles ou fleurs.
Qu’elles soient un peu des deux parfois nous effleure,
Elles sont charmantes et ne sont point moroses.

D’une floraison éclot la belle Amarante,
À l’euphonie douce autant que sa chevelure.
Les bourdons la regardent, son accent murmure
Des baumes à nos plaies, des phrases odorantes.

Elle jase, à qui veut bien la voir, comme aux fontaines.
Invoquée des gens à l’orée d’une plaine,
Sa venue fut pour eux une cure souveraine.
Voyons ce qu’elle dit à cette foule humaine :

« Je suis la voix de l’aurore et du bel été,
Telle une flèche indienne émoussée, panachée,
Au milieu des nuées, de clocher en clocher,
J’irai de coeur en coeur, raviver, folâtrer.

Par les mers unies au ciel, au-delà des cimes,
Je survolerai loin, les torrents, les collines !
Je serai jumelle des Nymphes, des Ondines !
Un baiser sucré de miel, une abeille intime.

Je déposerai au firmament des missives ;
De mes longs sanglots s’écouleront des ruisseaux ;
Goutte à goutte, je dresserai tous les assauts,
Que sur la guerre naisse une fleur sensitive.

Je broderai de feuilles ce coussin de rêve,
En entonnant les verts sous-bois, les rousses landes,
Toute enroulée, drapée d’un massif de Lavandes,
Toute mauve, exhalant le parfum qui se lève !

Puis avec Gentiane, Pensée, Iris, Violette,
Nous ferons des crépuscules multicolores,
Autour des maisons, des guirlandines de Flore,
Des mètres de lianes comme ceux des poètes.

Nous emplirons les vestiges de poésies
Avec le chant de nos syllabes irrisées.
Nous couvrirons de bouquets la pierre égrisée,
Chaque lettre, de nos corolles fantaisies.

Or, maintenant, les robes par l’automne sombrent,
Reposent sur des tapis d’herbes rougeoyant.
L’enjouement pâlit et nos yeux sont larmoyants
Quand les feuilles, reines des bois dormants, tombent.

Oh Poétesse ! une averse de flocons
Peint d’un pinceau de givre tout le paysage,
Et tout de sorbet blanc est ton radieux visage,
Qui flotte et descend doucement de ton balcon.

Oh Élégie qui neiges en cristaux d’étoiles
Sur le bois, l’écorce des arbres dévêtus,
Sur un versant du ciel gris est l’anse des nues,
Versant les larmes des ballerines astrales.

Mais bientôt clairsemés sont les monceaux de foin.
Après les ondées, voici la belle saison,
Poétesse, qui éloigne la neige au loin
Et verse dans les prés l’or de la fenaison.

Il y a dans le coeur de tout homme un poème,
Un vallon de papillons ivre de jeunesse,
Un chêne où les hiboux sont chargés de vieillesse,
À tout âge vit un vers pour un peu de bohème.

Il y a tant de fleurs qui veillent sur la planète,
Tant de prairies et de jardins que l’on parfume,
Tant de nos couleurs qu’idôlatrent leur plume,
Qu’une fleur sera toujours la muse d’un poète ».

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