Poème 'L’église d’Arona' de Marceline DESBORDES-VALMORE dans 'Elégies'

L’église d’Arona

Marceline DESBORDES-VALMORE
Recueil : "Elégies"

On est moins seul au fond d’une église déserte :
De son père inquiet c’est la porte entr’ouverte ;
Lui qui bénit l’enfant, même après son départ,
Lui, qui ne dit jamais : « N’entrez plus, c’est trop tard ! »

Moi, j’ai tardé, seigneur, j’ai fui votre colère,
Comme l’enfant qui tremble à la voix de son père,
Se dérobe au jardin tout pâle, tout en pleurs,
Retient son souffle et met sa tête dans les fleurs ;
J’ai tardé ! Retenant le souffle de ma plainte,
J’ai levé mes deux mains entre vous et ma crainte ;
J’ai fait la morte ; et puis, en fermant bien les yeux,
Me croyant invisible aux lumières des cieux,
Triste comme à ténèbre au milieu de mon âme,
Je fuyais. Mais, Seigneur ! votre incessante flamme,
Perçait de mes détours les fragiles remparts,
Et dans mon coeur fermé rentrait de toutes parts !

C’est là que j’ai senti, de sa fuite lassée,
Se retourner vers vous mon âme délaissée ;
Et me voilà pareille à ce volage enfant,
Dépouillé par la ville, et qui n’a bien souvent
Que ses débiles mais pour voiler son visage,
Quand il dit à son père : Oh ! que n’ai-je été sage !

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Commentaires

  1. Sanctuaire à l’abandon
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    L’église est peu remplie, elle est déserte, même ;
    Nous n’y entendons plus les psaumes en latin.
    À quoi sert au curé de se lever matin,
    À quoi de réciter la prière qu’il aime ?

    Ce prêtre ne craint pas la solitude extrême,
    Ni d’être le servant d’un culte clandestin ;
    Pas besoin d’être deux pour un petit festin
    (Ou le maigre repas que l’on prend en carême).

    Il aime les plaisirs qui sont bien de chez nous ;
    C’est remplir le calice avec un bon vin doux
    Et lire les propos des Pères de l’Église.

    Ce bâtiment lui sert de petite maison :
    Et son ange gardien dit, en toute saison,
    D’aimables oraisons dedans cette nef grise.

  2. L'EGLISE D'ARONA

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Marceline DESBORDES-VALMORE

Portait de Marceline DESBORDES-VALMORE

Marceline Desbordes-Valmore, née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859, est une poétesse française. Elle est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, Marceline et sa mère... [Lire la suite]

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