Poème 'L’autographe' de Anatole FRANCE

L’autographe

Anatole FRANCE

À ETIENNE CHARAVAY

Cette feuille soupire une étrange élégie,
Car la reine d’Écosse aux lèvres de carmin
Qui récitait Ronsard et le Missel romain,
A mis là pour jamais un peu de sa magie.

La Reine blonde avec sa débile énergie
Signa Marie au bas de ce vieux parchemin,
Et le feuillet pensif a tiédi sous sa main
Que bleuissait un sang fier et prompt à l’orgie.

Là de merveilleux doigts de femme sont passés
Tout empreints du parfum des cheveux caressés
Dans le royal orgueil d’un sanglant adultère.

J’y retrouve l’odeur et les reflets rosés
De ces doigts aujourd’hui muets, décomposés,
Changés peut-être en fleurs dans un champ solitaire.

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Commentaires

  1. Paléographe (Pays de Poésie 9-9-14)
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    Au bas d’un parchemin, je lis ton nom : Marie,
    Les lettrines y sont rehaussées d’un or fin.
    Le scribe fut payé par le Seigneur Dauphin,
    Homme d’érudition et de chevalerie.

    L’écrit parle d’un ange, et non de diablerie :
    Et d’amour, qui peut plus que la soif et la faim,
    Mais qui aux coeurs jaloux peut prendre triste fin,
    Ou bien par inconstance, ou par friponnerie.

    Marie, j’aime ces vers où tu ne fais affront
    À nul homme sur terre, où ta plume fait front
    Au destin menaçant, au malheur et aux drames.

    Tu contemples le ciel, d’étoiles ruisselant :
    C’est un spectacle fait pour raffermir ton âme,
    Jusqu’au matin, chargé de nuages sanglants.

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