Poème 'Le lézard' de Alphonse de LAMARTINE dans 'Méditations poétiques inédites'

Le lézard

Alphonse de LAMARTINE
Recueil : "Méditations poétiques inédites"

Sur les ruines de Rome.

Un jour, seul dans le Colisée,
Ruine de l’orgueil romain,
Sur l’herbe de sang arrosée
Je m’assis, Tacite à la main.

Je lisais les crimes de Rome,
Et l’empire à l’encan vendu,
Et, pour élever un seul homme,
L’univers si bas descendu.

Je voyais la plèbe idolâtre,
Saluant les triomphateurs,
Baigner ses yeux sur le théâtre
Dans le sang des gladiateurs.

Sur la muraille qui l’incruste,
Je recomposais lentement
Les lettres du nom de l’Auguste
Qui dédia le monument.

J’en épelais le premier signe :
Mais, déconcertant mes regards,
Un lézard dormait sur la ligne
Où brillait le nom des Césars.

Seul héritier des sept collines,
Seul habitant de ces débris,
Il remplaçait sous ces ruines
Le grand flot des peuples taris.

Sorti des fentes des murailles,
Il venait, de froid engourdi,
Réchauffer ses vertes écailles
Au contact du bronze attiédi.

Consul, César, maître du monde,
Pontife, Auguste, égal aux dieux,
L’ombre de ce reptile immonde
Éclipsait ta gloire à mes yeux !

La nature a son ironie
Le livre échappa de ma main.
Ô Tacite, tout ton génie
Raille moins fort l’orgueil humain !

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Commentaires

  1. Baron lézard d’azur
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    Au milieu du jardin somnole un lézard bleu,
    De lumière et de paix son âme est assoiffée ;
    Il aime fréquenter la friche ébouriffée
    Où je le vois souvent, mais jamais quand il pleut.

    Je l’aime, moi aussi, ce jardin lumineux
    Où plus d’une tonnelle est de lierre étoffée ;
    La mésange y paraît, vive petite fée,
    Ainsi que le ramier, bien plus volumineux.

    L’esprit de ce lézard, tout le jour, s’illumine
    De la beauté des sols sur lesquels il chemine
    Ou se tient arrêté, serein contemplatif.

    Il ne demande pas que j’en fasse un poème,
    Mais, dommage pour lui, je n’ai pas d’autre thème ;
    Il me regarde écrire, il est dubitatif.

  2. Ouroboros de novembre
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    Je ne regrette point la splendeur de l’été,
    La fine pluie me semble un bienfaisant liquide ;
    La grisaille des jours a la couleur du vide
    Pour moi qui la préfère à de fortes clartés.

    L’automne est à mes yeux le temps de la beauté,
    Les feuillages sont roux, le monde est translucide ;
    Aux celliers s’élabore un breuvage limpide,
    Les ondins du marais nagent en liberté.

    Un bel oiseau picore une pomme arrondie,
    L’ours commence à gaver sa panse rebondie ;
    Le vent sur ton chemin rit de tes maux, passant.

    Un parfum de sous-bois chatouille mes narines,
    Le sang de la dryade échauffe sa poitrine ;
    Le ciel est assombri, mais n’est point menaçant.

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Alphonse de LAMARTINE

Portait de Alphonse de LAMARTINE

Alphonse de Lamartine, de son nom complet Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète et prosateur en même temps qu’un homme politique français. Il représente l’une des grandes figures du romantisme poétique en France. Il naît dans une... [Lire la suite]

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