Poème 'Le Mauvais ouvrier' de Anatole FRANCE dans 'Idylles et légendes'

Le Mauvais ouvrier

Anatole FRANCE
Recueil : "Idylles et légendes"

Maître Laurent Coster, cœur plein de poésie,
Quitte les compagnons qui du matin au soir,
Vignerons de l’esprit, font gémir le pressoir ;
Et Coster va rêvant selon sa fantaisie.

Car il aime d’amour le démon Aspasie.
Sur son banc, à l’église, il va parfois s’asseoir,
Et voit flotter dans la vapeur de l’encensoir
La dame de l’enfer que son âme a choisie ;

Ou bien encor, tout seul au bord d’un puits mousseux,
Joignant ses belles mains d’ouvrier paresseux,
Il écoute sans fin la sirène qui chante.

Et je ne sais non plus travailler ni prier ;
Je suis, comme Coster, un mauvais ouvrier,
À cause des beautés d’une femme méchante.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Aux mauvais ouvriers, la bonne inspiration !

  2. Démon bibliophile
    -------------

    Livres dépareillés, recueils de poésie,
    Ce démon s’en repaît du matin jusqu’au soir,
    Même dans la taverne où il aime s’asseoir
    Pour lire des traités selon sa fantaisie.

    Sur la foi catholique ou sur les hérésies,
    Sur Azazelkigal, démon des ostensoirs,
    Sur Vassagolumel, celui des encensoirs,
    Il arrive à s’instruire en des pages choisies.

    Ensuite il engloutit son breuvage mousseux
    Et reprend calmement son labeur paresseux,
    Écrivant à la diable, et comme ça lui chante.

    À l’heure où l’on entend les bons moines prier,
    Il va se recueillir à l’ombre d’un poirier ;
    Son âme de démon n’est pas vraiment méchante.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS