Poème 'À mes chansons' de Hégésippe MOREAU dans 'Œuvres de Hégésippe Moreau'

À mes chansons

Hégésippe MOREAU
Recueil : "Œuvres de Hégésippe Moreau"

Au Val-Bénit partez, fils de ma muse !
À peine éclos, c’est là qu’il faut aller ;
Partez sans moi, vous direz pour excuse :
« Il n’a pas, lui, d’ailes pour s’envoler. »

Lisant Rousseau qu’aiment tous les poëtes,
Là, j’ai coulé peu de jours bien remplis ;
Mais sans remords j’ai quitté mes Charmettes ;
L’air en est pur, ma pervenche est un lis.

Oh ! quel bonheur de revêtir la brume
Sur le coteau comme un linceul flottant,
Et de chercher à l’horizon qui fume,
Là-bas, là-bas, le toit qu’on aime tant ;

Et de poursuivre aux champs, aux bois, sans terme,
Un papillon, un rêve, un feu follet,
Sûr de trouver, de retour à la ferme,
Un doux accueil, du pain blanc et du lait !

Avec le pâtre au ravin j’allais boire.
M’inspirant là, pauvre et gai, j’y vécus ;
Fontaine aux vers, quel conte dérisoire
T’a fait nommer la fontaine aux écus ?

Je n’eus jamais ce qu’a la boulangère ;
Mais quand l’amour me caressait alors,
S’il étreignait une bourse légère,
Il sentait battre un cœur plein de trésors.

Trésors perdus ! la semence divine
Que j’étalais, vaniteux possesseur,
S’est envolée, et rien n’a pris racines,
Et cependant je lui disais : Ma sœur,

Un beau laurier sur votre front d’ivoire
Remplacera la rose du buisson.
Je le disais et mon rêve de gloire
A, comme tout, fini par des chansons.

Au Val-Bénit partez, fils de ma muse !
À peine éclos, c’est là qu’il faut aller ;
Partez sans moi, vous direz pour excuse :
« Il n’a pas, lui, d’ailes pour s’envoler. »

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Commentaires

  1. Marsupial et carnassier
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    Lorsque le Kangourou avec le Lion s'amuse,
    Vers le frais pâturage on les voit s'en aller ;
    Eux, pour se divertir, n'ont pas besoin d'excuse,
    Ils laissent leurs soucis au lointain s'envoler.

    Déjà le grand soleil a dissipé la brume,
    Déjà sont oubliés leurs grands rêves flottants ;
    Un petit feu de bois au coin des pierres fume,
    Ils pourront préparer le thé, qu'ils aiment tant.

    Le berger sonne en son grand cor d'ivoire,
    Accompagnant leur joyeuse chanson ;
    Qu'est-il besoin de puissance ou de gloire ?
    Faisons la sieste à l'ombre des buissons.

  2. "Faisons plutôt la sieste"

  3. Le berger sonne un air en son grand cor d'ivoire,
    Accompagnant ainsi leur joyeuse chanson ;
    Qu'est-il besoin pour eux de puissance ou de gloire ?
    Faisons plutôt la sieste à l'ombre des buissons.

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