Poème 'La mère qui pleure' de Marceline DESBORDES-VALMORE dans 'Poésies inédites'

La mère qui pleure

Marceline DESBORDES-VALMORE
Recueil : "Poésies inédites"

J’ai presque perdu la vue
A suivre le jeune oiseau
Qui, du sommet d’un roseau,
S’est élancé vers la nue.

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

Bouquet vivant d’étincelles,
Il descendit du soleil
Eblouissant mon réveil
Au battement de ses ailes.

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

Prompt comme un ramier sauvage,
Après l’hymne du bonheur,
Il s’envola de mon coeur,
Tant il craignait l’esclavage !

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

De tendresse et de mystère
Dés qu’il eut rempli ces lieux,
Il emporta vers les cieux
Tout mon espoir de la terre !

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

Son chant que ma voix prolonge
Plane encore sur ma raison,
Et dans ma triste maison
Je n’entends chanter qu’un songe.

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

Le jour ne peut redescendre
Dans l’ombre où son vol a lui,
Et pour monter jusqu’à lui
Mes ailes ont trop de cendre.

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

Comme l’air qui va si vite,
Sois libre, ô mon jeune oiseau !
Mais que devient le roseau,
Quand son doux chanteur le quitte !

S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?

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Marceline DESBORDES-VALMORE

Portait de Marceline DESBORDES-VALMORE

Marceline Desbordes-Valmore, née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859, est une poétesse française. Elle est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, Marceline et sa mère... [Lire la suite]

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