Poème 'Art pur' de Georges RODENBACH dans 'La Jeunesse blanche'

Art pur

Georges RODENBACH
Recueil : "La Jeunesse blanche"

Est-il vrai que le Vers doive vêtir l’armure
Et, quittant le manoir où son orgueil le mure,
Doive, tel qu’un soldat amoureux des clairons,
Marcher dans la bataille humaine, entrer en lutte,
Et, laissant aux loisirs du camp les airs de flûte,
Faire sonner au vent, comme des éperons,
Les rimes d’or sur le pavé des strophes fières ?
? Non ! le Vers doit pleurer, escorter les civières
Où les corps sont pareils à des lis teints de sang.
Il faut que, pacifique, humble, compatissant,
Il aille, dédaignant la bataille futile.
Mais prenant en pitié les faibles qu’on mutile
Et ceux qui sont rompus d’avoir longtemps lutté,
Le Vers, avec des airs de Sœur de Charité,
Leur portera le soir, par la plaine assoupie,
Des doux mots, des mots blancs, comme de la charpie !

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

Georges RODENBACH

Portait de Georges RODENBACH

Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS