Poème 'Chapelle de la morte' de Émile NELLIGAN dans 'Émile Nelligan et son œuvre - Amours d'élite'

Chapelle de la morte

Émile NELLIGAN
Recueil : "Émile Nelligan et son œuvre - Amours d'élite"

La chapelle ancienne est fermée,
Et je refoule à pas discrets
Les dalles sonnant les regrets
De toute une ère parfumée.

Et je t’évoque, ô bien-aimée !
Epris de mystiques attraits :
La chapelle assume les traits
De ton âme qu’elle a humée.

Ton corps fleurit dans l’autel seul,
Et la nef triste est le linceul
De gloire qui te vêt entière ;

Et dans le vitrail, tes grands yeux
M’illuminent ce cimetière
De doux cierges mystérieux.

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Commentaires

  1. Pays de Cléopâtre
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    La pyramide est refermée
    Sur ses explorateurs discrets.
    N'en ressens-tu pas le regret,
    Reine sobrement parfumée ?

    La ruse imparable tramée
    Par l'adversaire, on s'y soustrait :
    Un chien, malin comme un furet,
    Nous délivre, en es-tu charmée ?

    La reine lit, d'un air songeur,
    L'admirable album en couleurs,
    En dégustant les moindres bribes.

    Enfin, n'en croyant pas ses yeux,
    Elle a prié pour que les dieux
    À pareil art forment ses scribes.

  2. Chapelle de la princesse fantôme
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    Au bout d’une rue mal famée,
    C’est un édifice discret ;.
    Une âme y rumine un regret
    Dont l’amertume est assumée.

    La nef est de fleurs embaumée
    Qu’un roi défunt cueille en secret ;
    Sa mère fut Jeanne d’Albret
    Par qui la France était charmée.

    Le fils de la reine est songeur,
    L’autre âme a des yeux ravageurs
    Qui son coeur de leurs rayons criblent.

    Un bel amour naît en ces lieux
    Avec l’approbation des dieux,
    Le trépas se fait moins horrible.

  3. Chapelle à tous les vents
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    Ma porte n’est jamais fermée,
    Je ne crains pas les indiscrets ;
    Cierges d’espoir ou de regret,
    Leur flamme est ici consumée.

    Assis dans la nef embaumée,
    Un moine au monde se soustrait ;
    Il en oublie les faux attraits,
    Son âme n’est plus désarmée.

    Sous un vitrail haut en couleur,
    Il voit s’apaiser ses douleurs ;
    Il dit l’oraison coutumière.

    Il fredonne, il ferme les yeux,
    Il oublie la date et le lieu ;
    Il devient chercheur de lumière.

  4. * * *

    Chapelle écroulée,
    Il ne reste que trois pierres,
    Ça forme un autel.

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Émile NELLIGAN

Portait de Émile NELLIGAN

Émile Nelligan (24 décembre 1879 à Montréal – 18 novembre 1941 à Montréal) est un poète canadien (québécois). Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les... [Lire la suite]

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