Poème 'Fils de Djimmo' de leutcha

Fils de Djimmo

leutcha

Je faisais la roue dans le cocon
de mon asile de Mardock à Ngaoundéré
quand un Arrêté -
ô parfum de tristes joies
m’ouvrit les rives du Sahel
dès mes premiers pas
je fus happé par le vase de feu
des rives rouges et chaudes
de cet épouvantable enfer
j’étais à mille lieues kilométriques
de mon jardin aux fleurs intimes
où dorment les eaux de ma citerne

J’avais construit tout autour de moi
quatre hauts murs
coiffés de tessons de bouteilles
pour sauvegarder
la fidélité de ma chaste demeure
ma vie devint une fusée errante
hélas ! ma demeure ma chaste demeure
était en butte à des flots de désirs
désir d’un soir m’ouvrant les portes du paradis
désir d’une ondine pour assouvir mes appétits
désir de m’endormir sur des seins fort moelleux
désir d’un matin de nouvel an
autour d’une table de joies idylliques
portant à boire aux cuves de la vie
hélas ! toujours en cascades mes désirs
tombaient en chutes de pétales avides de délices
au versant ténébreux des rêves brisés par le temps

Ô cœur jonché de pénibles allégresses
pour mériter mon pain quotidien
on me jeta dans un enclos de frères et sœurs
ici je n’étais ni frère ni sœur
mais un agneau aux os tendres
apprêté pour l’insatiable appétit
des forces aux sourires de cannibales
de l’esprit du sang Moumoundang
requin aux dents d’airain
Apsara aux sourires de Méphistophélès
égorgeant sur la table des devoirs
l’enthousiasme des bons et loyaux serviteurs
l’esprit Moumoundang -
esprit malfaisant
engraissé par le sang de ses victimes
et sous l’enchantement des cartons1 pour le service
de simple souris devint renard
hyène puis tigre
et atteignit finalement la stature
d’une créature sans identité
ayant une tête de lion et de rhinocéros
une gueule d’épaulard et de Hydre de Lerne
deux défenses tranchantes comme des épées
une queue d’acier à têtes de requin
et une voix de Macbeth et de Dracula
pour m’engloutir dans l’abîme de ses cruelles passions

Ah ! je me débattais dans le vase de braises
des rives rouges et chaudes
de mon épouvantable Sahel
et jeté dans la gueule de ce monstre
les portes de l’espoir m’étaient d’épais brouillards
et la princesse du sang Moumoundang
levait sans cesse le verre de ses vertus
en l’honneur de sa tribu
de poux de scorpions et de puces rempli
rongeant l’âme de ma dignité
et d’année en année il était au trône porté
des postes riches en cartons
esprit Moumoundang esprit Moumoundang
roi sadique jailli des pires marais dantesques

Oh ! sur les rives de mon épouvantable Sahel
mon cœur broyait du noir dans son enfer
et les vertus de ma sainte demeure
s’éparpillait en penchants inassouvis
quand tu m’es apparue ô ma Nymphe
offrant à mon cœur une corbeille de désirs
coulant dans une onde de sombres délices
ma chaste demeure vaincue par les désirs de la chair
ô ma Nymphe
ton sourire de chacal enchanteur
réveilla dans mes caveaux intérieurs
l’ardeur des sens embrasé par l’amour
tu étais le parfum des désirs de mon cœur
tu étais la fleur de toutes les fleurs meurtries
tu étais le matin nouveau de toutes les larmes du monde
tu étais une nouvelle vigueur réchauffant ma destinée
tu étais le nouveau soleil éclairant les nuits de l’univers
et debout en poster au summum de ma passion
ton corps de marbre épanoui au vivoir du soleil
comme le blizzard dans les bois de mon cœur
jouait le tamtam des convocations érotiques
et l’hymne de ton tamtam aux accents irrésistibles
convia mon corps aux festins de tes hanches
et se saoula mon cœur au gala des noces sensuelles
dans un abîme jetée l’alliance de ma jeunesse

Où étaient donc les gardiens de ma sainte demeure
avec toi sur terre dans les nuées avec toi
je buvais la volupté aux entrailles des vices
je savourais la noirceur des félicités interdites
j’étais l’amant d’une Nymphe parrainée par l’enfer
je m’adonnais à tous les colloques sensuels
je noyais la vertu dans la java des plaisirs
tous les vices au service des stupres ou des bacchanales
toutes les folies où la chair se délecte de banquets délirants
les agapes érotiques où le cœur s’enivre de volupté
m’ont sorti du pavillon des destins aux flammes pures
pour me jeter dans l’arène des subtils rets érotiques
rets des vices piétinant la sainteté de l’amour
rets d’un cœur enchaîné par une jeune Nymphe
rets d’une vie qui erre sans lampe
entre l’appel du paradis et les appétits de la chair
oh ! le ciel me tendait l’épée de sa Lumière
à mes premiers pas vers la porte de la Délivrance
une force mystérieuse et irrésistible m’enchaîna
dans les bras de ma Nymphe

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