Poème 'La grenouille' de Rosemonde GÉRARD ROSTAND dans 'Les Pipeaux'

La grenouille

Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Recueil : "Les Pipeaux"

La grenouille chante au bord de l’étang,
Qui, sous un rayon de lune tremblote ;
Dans le crépuscule où du rêve flotte,
C’est un chant très doux et très attristant.

C’est un chant très doux et très attristant
Qui monte, – toujours une même note ;
Sur l’eau qui se moire et qui papillote,
Le roseau fluet penche en chuchotant.

Le roseau fluet penche en chuchotant,
Et la mare aux grands nénuphars clapote ;
La lune, ce soir, est un peu pâlotte…
C’est un chant très doux et très attristant.

C’est un chant très doux et très attristant
Qui monte, – toujours une même note ;
Dans le crépuscule où du rêve flotte,
La grenouille chante au bord de l’étang.

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Commentaires

  1. Roseau méditant
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    Ce roseau pousse auprès d’une mare ignorée,
    Il aimerait s’instruire et ne sait pas comment ;
    Un Bouddha pourra-t-il l’éclairer brusquement ?
    Verra-t-on sur ces bords une muse inspirée ?

    Roseau, la connaissance est source de tourments,
    La mémoire faiblit quand elle est encombrée :
    Écoute simplement ta grenouille adorée
    Dans l’éclat du soleil qui baisse lentement,

    Puis, vois cette clarté par la brume effacée,
    Reste, autant que possible, un roseau sans pensée,
    Tu n’as pas à chercher la clé de l’Univers.

    La soif d’érudition brûle comme une une fièvre,
    Évite de porter cette coupe à tes lèvres :
    Le savoir donne froid, c’est comme un vent d’hiver.

  2. Grenouille de gueules
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    Grenouille qui connaît les choses ignorées,
    Elle arrive à s’instruire, on ne sait pas comment ;
    En elle les idées surgissent brusquement,
    De là vient son surnom de «grenouille inspirée».

    Elle aime le papier, remède à ses tourments,
    Gardant plusieurs bouquins sans en être encombrée;
    Elle écoute la voix de sa muse adorée
    Qui des mots très anciens récite lentement.

    La prose de jadis qui n’est pas effacée
    En son coeur fait germer de subtiles pensées ;
    Elle se met en phase avec notre univers.

    Ainsi passe son temps, sans douleur et sans fièvre,
    Jamais un mot brutal ne franchira ses lèvres ;
    Elle sait qu’elle doit s’endormir pour l’hiver.

  3. Nef léonine
    -----

    Sur l’Océan navigue une nef ignorée,
    Un fauve la dirige, il ne sait pas comment ;
    Il lui prit fantaisie d’embarquer brusquement,
    Sans doute en fut l’idée par un livre inspirée.

    Le vent porte la nef sans excès de tourments,
    La mer en ces endroits n’est jamais encombrée ;
    Le lion peut écouter sa sirène adorée
    Qui sur un noir rocher s’agite lentement.

    Des navires d’antan la trace est effacée,
    Mais c’est aussi le sort des humaines pensées ;
    Nous perdons chaque jour des fragments d’univers.

    Ne les recherchons point dans l’angoisse et la fièvre,
    Car la tortue jamais ne rejoindra le lièvre ;
    Le soleil reste bas, nous entrons dans l’hiver.

  4. Frêle esquif à tribord
    ---------

    Skipper malhabile
    Mais heureux de naviguer
    Comme un débutant.

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Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Portait de Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953.
Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom... [Lire la suite]

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