Poème 'Le vieil homme et son amour abrité' de JuCharline83

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Le vieil homme et son amour abrité

JuCharline83

Les collines étaient encore ombre de nuit,
Mes yeux erraient loin par la fenêtre fermée.
J’écrivais, regardant les alentours sans bruit,
Un rayon rosait le village qui dormait.

Les bougies soufflées, comme en plein vent au dehors,
Laissaient une fumée qui montait, sinueuse.
Peu à peu l’étoffe de la brume, jusqu’au nord
Des terres, dévoilait l’herbe haute et rieuse.

La chapelle regardait mûrir le raisin
Dans le chant des pins qui formaient des nuages ;
Il y a toujours un immanquable refrain
A la lisière des oiseaux et des feuillages.

Les cheminées, sur les toits, de l’hiver éteint,
Étaient inertes, la rose e?close au jardin.
Entre les murs sourds, l’air des gens était reteint,
Leurs yeux entrevoyaient le beau temps au matin.

L’aurore me semblait feinte et à peine offerte
Au ciel, me plaisait la pénombre indescriptible :
Sa flottaison couvrait les ruelles désertes
Quand les monts verdoyants se suivaient ostensibles.

Les pans s’inclinaient en torrents dans la vallée,
S’y ravissait un jour feutré qui s’allongeait
Au milieu des roches blanches et crénelées,
En auréolant la porte de l’horloger.

Dans les hameaux béants la lumière riait,
Jusque sur la rivière aux nombreux affluents.
Ces instants ne laissaient pas de la magnifier,
Le temps s’effeuillait quand y couraient les enfants.

Un parfum de fleurs emplissait le fond de l’air,
Un chemin continu se traçait sur ma page,
Poésie, douceur à mes pensées les plus chères,
Comme un chant d’oiseaux qui dure dans un sillage.

Oh nous étions jeunes et n’étions que tendresse !
Des longues journées, je revenais enchanté,
Quand, près des ruisseaux, nos mains, nos lentes caresses,
Nos baisers mûrissaient des étoiles d’été.

Je recouvre un soleil si doux pour mes vieux jours,
Mes souvenirs s’ébrouent même de leur poussière,
Mon cœur bat comme un roulement sourd de tambour
A l’heure où mes cheveux n’ont plus l’éclat si fier.

Vieil homme d’une fée aux baisers de satin,
Les monts parcourent mon visage dépassé ;
Par les souffles du vent sur les mêmes sapins,
J’appris le sens du mot vivre sans me lasser.

Si ma chaise en vieux bois d’orme est un poème,
Si mes traits sont peints d’un étrange coloriage,
C’est qu’au bout de mon temps j’arrive et qu’eux, que j’aime,
Mes enfants, m’aident à mieux supporter mon âge.

Chaque page vierge m’accorde ses faveurs :
Quand monte le sommeil lourd sur la ville close,
Les senteurs des baies bleu-violacé et des fleurs,
Je retrace mes vieux ans en vers et en prose,

Et quand le soleil d’or et ses mèches si blondes
S’illuminent et puis retiennent leur clarté,
Sitôt happé, je vois, quand mes yeux s’y fondent,
A travers les nuées, mon amour abrité.

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