Poème 'Légende' de Georges RODENBACH dans 'La Jeunesse blanche'

Légende

Georges RODENBACH
Recueil : "La Jeunesse blanche"

Un Saint béni de Dieu, dans sa calme cellule,
S’occupait à tresser des brins de paille d’or ;
Il travaillait, fervent, comme une lampe brûle,
Inattentif aux bruits vagues du corridor.
Mais même la blancheur fait ombre ; sa tunique,
Quoique blanche, tachait d’une ombre le mur blanc.
Cependant il songeait que l’ombre était unique,
Et qu’étant solitaire, il était ressemblant !
Donc il œuvrait sans cesse avec la paille folle
Et s’en faisait un nimbe, une souple auréole,
Auréole d’or pâle, auréole de clair
De lune avec laquelle il avait toujours l’air
D’un Saint comme on en voit peints dans les vieilles bibles…
? Tel le poète, aussi, tisse ses vers flexibles
Pour occuper ses doigts dans l’attente du ciel,
Et de ces brins de paille, il ceint son front profane
Et s’en nimbe, par jeu, comme d’un or réel,
Auréole d’un or fragile, qui se fane !

1895

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Georges RODENBACH

Portait de Georges RODENBACH

Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]

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