Poème 'Les Fleurs' de Antoinette DESHOULIÈRES dans 'Idylles'

Les Fleurs

Antoinette DESHOULIÈRES
Recueil : "Idylles"

Que votre éclat est peu durable,
Charmantes fleurs, honneur de nos jardins !
Souvent un jour commence et finit vos destins,
Et le sort le plus favorable
Ne vous laisse briller que deux ou trois matins.
Ah ! Consolez-vous-en, jonquilles, tubéreuses :
Vous vivez peu de jours, mais vous vivez heureuses !
Les médisants ni les jaloux
Ne gênent point l’innocente tendresse
Que le printemps fait naître entre Zéphire et vous.
Jamais trop de délicatesse
Ne mêle d’amertume à vos plus doux plaisirs.
Que pour d’autres que vous il pousse des soupirs,
Que loin de vous il folâtre sans cesse ;
Vous ne ressentez point la mortelle tristesse
Qui dévore les tendres coeurs,
Lorsque, pleins d’une ardeur extrême,
On voit l’ingrat objet qu’on aime
Manquer d’empressement, ou s’engager ailleurs.
Pour plaire, vous n’avez seulement qu’à paraître.
Plus heureuses que nous, ce n’est que le trépas
Qui vous fait perdre vos appas ;
Plus heureuses que nous, vous mourez pour renaître.
Tristes réflexions, inutiles souhaits !
Quand une fois nous cessons d’être,
Aimables fleurs, c’est pour jamais !
Un redoutable instant nous détruit sans réserve :
On ne voit au delà qu’un obscur avenir.
A peine de nos noms un léger souvenir
Parmi les hommes se conserve.
Nous rentrons pour toujours dans le profond repos
D’où nous a tirés la nature,
Dans cette affreuse nuit qui confond les héros
Avec le lâche et le parjure,
Et dont les fiers destins, par de cruelles lois,
Ne laissent sortir qu’une fois.
Mais, hélas ! Pour vouloir revivre,
La vie est-elle un bien si doux ?
Quand nous l’aimons tant, songeons-nous
De combien de chagrins sa perte nous délivre ?
Elle n’est qu’un amas de craintes, de douleurs,
De travaux, de soucis, de peines ;
Pour qui connoît les misères humaines,
Mourir n’est pas le plus grand des malheurs.
Cependant, agréables fleurs,
Par des liens honteux attachés à la vie,
Elle fait seule tous nos soins ;
Et nous ne vous portons envie
Que par où nous devons vous envier le moins.

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Commentaires

  1. L’intelligence d’un moulin à prières.
    —————————————

    Un érudit vit le religieux de la Montagne de l’Est en train d’examiner un moulin à prières. Il lui demanda respectueusement : « Y en a-t-il de nombreux genres ? »

    Le religieux lui expliqua la chose suivante. « Il y en a d’innombrables genres, et celui que vous voyez n’est que l’un des plus rudimentaires. Si vous pouviez vous y introduire, vous ne verriez que des pièces qui se poussent les unes les autres dans la machine, et jamais rien qui ressemble à une perception, ni à de la raison. »

    « L’intelligence, lui dit le Maître, et la vertu, et la sagesse, qui souhaiterait attribuer cela à des machines ? »

    « Nous avons pourtant une science nouvelle, qui le fait dans le cas des moulins à prières. Il faut guider ces prières. Nous pourrions certes affecter un moinillon au service de chaque moulin, mais qu’apporterait alors la mécanisation ? Aussi nos sorciers, peu après l’invention des bracelets magiques, ont fait naître un nouvel art, l’intelligence artefactuelle. »

    « ArteFACTuelle ? vous voulez dire, artiFICielle ? »

    « Nous disons artefactuelle, vous m’avez bien compris. Si un instrument est artificiel, les gens pensent à un artifice. Artefactuel est un mot rare, cela impressionne les gens du peuple, et cela inspire du respect pour les religieux artefactuels et leurs moulins artefactuels. »

    Cochonfucius s’en fut dans le jardin. l vit des fleurs et leur parla. « Puisse le Ciel nous préserver d’avoir des jardins artefactuels ! Et puissions-nous nous préserver de devenir des jardiniers artefactuels ! »

  2. toujours pas de réponse du modérateur:

    Deux trois gouttes ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Clameurs ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Elle a ajouté le 18/03/2023 en cours de validation
    Départ imminent ajouté le 02/04/2023 en cours de validation

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Antoinette DESHOULIÈRES

Portait de Antoinette DESHOULIÈRES

Antoinette Des Houlières, née Du Ligier de la Garde le 1er janvier 1638 à Paris et décédée le 17 février 1694, est une femme de lettres française. Belle et instruite, Antoinette Des Houlières sait le latin, l’espagnol et l’italien quand elle épouse en 1651 Guillaume de Lafon de Boisguérin, seigneur Des Houlières,... [Lire la suite]

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