Poème '08 – L’esprit dedans ce corps est retenu par force… [LXXI à LXXX]' de Pierre MATTHIEU dans 'Tablettes de la Vie et de la Mort - Première partie'

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08 – L’esprit dedans ce corps est retenu par force… [LXXI à LXXX]

Pierre MATTHIEU
Recueil : "Tablettes de la Vie et de la Mort - Première partie"

LXXI.

L’esprit dedans ce corps est retenu par force,
Il y vit en danger, en frayeur il y dort :
Il faut pour faire fruit qu’il rompe son écorce
Et pense que jamais assez tôt il n’en sort.

LXXII.

L’âme se plaint du corps, le corps se plaint de l’âme,
Mais la Mort les surprend pour vuider leur débat :
Le corps s’en va dormir dessous la froide lame,
L’esprit fidèle va à l’éternel Sabat.

LXXIII.

Elle affranchit l’esprit du corps qui sert aux vices,
Des vices de l’esprit elle sauve le corps,
De l’âme les ennuis sont au corps des supplices,
Et les douleurs du corps sont à l’âme des morts.

LXXIV.

L’âme n’est pas ce corps, son étoffe est plus belle,
Car des beautés du Ciel elle tient sa beauté :
Et quand l’esprit est mort, elle reste immortelle,
Comme un rayon sorti de la Divinité.

LXXV.

Si cette âme en ce corps tant de fois morfondue,
Ne sort allègrement, elle ne se souvient
Qu’elle doit remonter d’où elle est descendue,
Et qu’il faut à la fin retourner d’où l’on vient.

LXXVI.

Tu crains pour la douleur que cette Mort amène,
Mais ce n’est qu’un torrent qui se perd en courant :
Et cette extrémité n’a point commis de peine,
Car le corps abattu ne sent rien en mourant.

LXXVII.

Quitte ces tremblements dont ta poitrine est pleine,
Car un mal violent ne dure longuement :
Si la douleur est grande, elle est aussi soudaine,
Un mal prompt et soudain ôte le sentiment.

LXXVIII.

Le cœur te rompt quittant tes enfants, tes entrailles,
Qui te feront renaître et revivre après eux :
Bienheureux qui en a, car ce sont ses médailles,
Souvent qui n’en a point par malheur est heureux.

LXXIX.

Tu regrettes ta femme, et ton regret j’excuse,
C’est un mal nécessaire, et un bien étranger :
Souvent l’œil le plus clair à le choisir s’abuse,
Et trouve en peu de chair beaucoup d’os à ronger.

LXXX.

Tu te plains de quitter la Cour et ses délices,
Où l’on ne vit longtemps sans souffrir quelqu’affront,
Où trahir est prudence, et les vertus sont vices,
Où les uns sont sans yeux, et les autres sans front.

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