Poème 'Agneau de ma pauvre terre' de leutcha

Je suis le pauvre hère
d’un pays indépendant
pays de fer et de nickel
pays d’or et de cobalt
pays de cuivre et de bauxite
pays de pétrole et de pierres précieuses
je suis l’agneau
d’un pays indépendant
pays des veuves dans le besoin
et de misérables paysans
qui lèchent la vie dans la peine
pays de riches talents
sans maison de culture
aux poches trouées
à l’avenir enfoui dans la nuit
pays d’inoubliables héros
que célèbrent des nids de fougères
engraissées par leur chair
pays de fertiles montagnes
de faunes superbes et variées
et de vallées fleuries
pays de riches rivières
et de lacs aux multiples trésors
pays riche en chutes mélodieuses
à la vision emberlificotée touristique
pays sans langue
sans bouclier et sans épée
pour défendre ses nombreuses ressources

Je suis l’agneau
d’une terre indépendante
terre d’arachides et de patates
de tomates et de palmiers à huile
de plantains et de macabos
de mangues et d’ananas
terre de choux et de carottes
de bananes et d’avocats
de cafés et de cacaos
terre de coton et de noix de coco
sans outil pour les producteurs
sans usine et sans circuit pour les porter
sur le marché international

Ô ma terre indépendante
qui ouvrira les aubes dorées à nos paysans
en ce siècle de fatals intérêts
et des estomacs qui bouffent seuls
qui conduira leur destinée
vers la jouissance des précieux fruits
de leur sueur et de leurs peines
au cœur qui portera
de nos mandataires politiques
la lumière de nos nouvelles visions
hissant au sommet des brillants horizons
l’oriflamme tricolore
des destins libérés de toute crampe sociale
pauvre ô ma terre
couchée sous le piédestal
des sœurs et frères assis au beau sanctuaire
des nocturnes lumières