Poème 'Aimez ou n’aimez pas, changez, soyez fidèle…' de Georges de SCUDÉRY

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Aimez ou n’aimez pas, changez, soyez fidèle…

Georges de SCUDÉRY

Aimez ou n’aimez pas, changez, soyez fidèle,
Tout cela pour Philis est fort indifférent ;
Comme votre conquête a peu touché la belle,
Elle perd votre coeur ainsi qu’elle le prend.

L’on ne peut la nommer ni douce ni cruelle,
Son insensible esprit ne combat ni se rend ;
Elle entend les soupirs que l’on pousse pour elle,
Mais ce coeur de rocher ne sait ce qu’il entend.

L’Amour, tout dieu qu’il est, avec toute sa flamme,
Ne dissoudra jamais les glaçons de son âme,
Et cette souche enfin n’aimera jamais rien.

Ô malheureux amant ! Ô penser qui me tue !
Quel bizarre destin se rencontre le mien !
Comme Pygmalion j’adore ma statue.

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Commentaires

  1. Ramures
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    Fortes branches qui sont aux racines fidèles,
    L'aède à vos beautés n'est pas indifférent ;
    Ce n'est pas seulement que vos formes sont belles,
    Mais pour le son de l'air en vos bras murmurant.

    Car le vent a des mains. Tantôt dures, cruelles,
    Tantôt pleines de grâce, il vous tient, il vous prend ;
    Si la lune se plaint qu'il ne fait rien pour elle,
    Il dit qu'il le fera quand il aura le temps.

    L'arbre, ce bon danseur, n'est pas une statue ;
    Le vent à l'animer tout un jour s'évertue,
    Et pour chacun des deux, c'est le plus grand des biens.

    Le vent qui peut éteindre ou grandir une flamme,
    N'a-t-il donc pas aussi de pouvoir sur nos âmes ?
    Car, pour les émouvoir, il ne faut presque rien.

  2. Arbre de Bramimonde
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    Au jardin sont la reine et son amant fidèle,
    Je suis le protecteur de ce couple élégant ;
    Ils me disent souvent que ma ramure est belle,
    Je leur réponds qu’ils sont des papillons fringants.

    Ils seront séparés par la guerre cruelle,
    Eux qui sont ennemis de l’Empereur des Francs ;
    Je verrai dans ce lieu l’homme mourir pour elle
    en l’un de ces combats que je trouve navrants.

    La reine brisera du temple les statues,
    Ne voulant plus d’un Dieu qui permet que l’on tue,
    Sans même le connaître, un tel homme de bien.

    Turold célèbrera cet univers en flammes,
    Disant que des héros montent au ciel les âmes ;
    Ce n’est qu’un troubadour, le pauvre, il n’en sait rien.

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