Poème 'Au Collège' de Eudore ÉVANTUREL dans 'Premières poésies'

Au Collège

Eudore ÉVANTUREL
Recueil : "Premières poésies"

Il mourut en avril, à la fin du carême.

C’était un grand garçon, un peu maigre et très blême,
Qui servait à la messe et chantait au salut.
On en eût fait un prêtre, un jour: c’était le but ;
Du moins, on en parlait souvent au réfectoire.
Il conservait le tiers de ses points en histoire,
Et lisait couramment le grec et le latin.
C’était lui qui sonnait le premier, le matin,
La cloche du réveil en allant à l’église.
Les trous de son habit laissaient voir sa chemise,
Qu’il prenait soin toujours de cacher au dortoir.
On ne le voyait pas comme un autre au parloir,
Pas même le dimanche après le saint office.
Ce garçon n’avait point pour deux sous de malice,
Seulement, à l’étude, il dormait sur son banc.
Le maître descendait le réveiller, souvent,
Et le poussait longtemps – ce qui nous faisait rire.

Sa main tremblait toujours, quand il voulait écrire.
Le soir, il lui venait du rouge sur les yeux.
Les malins le bernaient et s’en moquaient entre eux ;
Alors, il préférait laisser dire et se taire.
L’on n’aurait, j’en suis sûr, jamais su le mystère,
Si son voisin de lit n’eût avoué, sans bruit,

Qu’il toussait et crachait du sang toute la nuit.

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Eudore ÉVANTUREL

Portait de Eudore ÉVANTUREL

Eudore Évanturel (Québec, 22 septembre 1852 – Boston, 16 mai 1919) est un poète québécois. Encouragé par le romancier Joseph Marmette, son ami, il fit paraître en 1878 un volume de « Premières poésies ». Ce recueil, inspiré de Musset mais avec des accents verlainiens, scandalisa le milieu littéraire... [Lire la suite]

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