Fleurs
Louise de VILMORIN
Recueil : "Fiançailles pour rire"
Fleurs promises, fleurs tenues dans tes bras,
Fleurs sorties des parenthèses d’un pas,
Qui t’apportait ces fleurs l’hiver
Saupoudrées du sable des mers ?
Sable de tes baisers, fleurs des amours fanées
Les beaux yeux sont de cendre et dans la cheminée
Un cœur enrubanné de plaintes
Brûle avec ses images saintes.
1939
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Louise de VILMORIN
Louise Levêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est une écrivaine française née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969. Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse... [Lire la suite]
Ange de gueules
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Mes jambes me servent de bras,
L'avenir vient à petits pas ;
J'attends le temps des primevères
Pour voleter dans l'aube claire.
Ange (ou démon, peut-être bien)
Du passé je ne me souviens
Qu'en la matinale dormance ;
Et ce sont des jours sans romance.
Jamais ne fut ma face peinte
Au recto d'une image sainte ;
Je suis un ange suranné,
Rêvant dans un jardin fané.
Fleurs méditantes
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Ces fleurs, pour s’occuper, résolvent des problèmes,
Quoique, souventes fois, ça ne les mène à rien ;
Une pause elles font lorsque le soir survient,
Laissant leurs équations, laissant leurs théorèmes.
C’est ainsi chaque jour, car c’est ce qu’elles aiment,
C’est une activité qui leur forme entretient ;
Que ce soit inutile, elles s’en moquent bien,
Si ça ne te plaît pas, c’est du pareil au même.
Je ne sais pas de qui elles tiennent ce don,
Si ce fut un chercheur, un savant de renom,
Ou, plus banalement, un modeste écolâtre.
Ces belles fleurs n’auront jamais de doctorat,
Nulle grande revue ne les éditera ;
Elles n’en ont, vois-tu, strictement rien à battre.
Fleurs de canicule
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C’est la mort pour les immortelles,
Tu peux voir leurs rangs clairsemés ;
J’entends des gens prier pour elles,
Je vois des cierges s’allumer.
J’entends pleurer les hirondelles,
Je vois des anges désarmés ;
Le miroir dit à la chandelle
Le deuil de ces êtres aimés.
La canicule, c’est la mort,
C’est le dessèchement du corps
Qui vainement réclame à boire.
Mais demain, c’est un autre jour,
C’est le réveil de nos amours ;
Nous vivrons jusqu’à la victoire.