Poème 'Le Retour à la Chapelle' de Amable TASTU dans 'Poésies'

Le Retour à la Chapelle

Amable TASTU
Recueil : "Poésies"

D’un souvenir si doux l’erreur évanouie
Laisse au fond de mon âme un long étonnement.
Madame DESBORDES-VALMORE.

La chose n’est pas nouvelle, ce n’est pas la première lois que vous
l’éprouvez ; et si vous vivez long-temps, ce ne sera pas la dernière.
Imitation de J.-C.

Je te salue, ô Vierge tutélaire ;
Ton humble autel reconnaît-il ma voix ?
Est-ce bien là ce degré solitaire
Où, jeune encor, j’ai prié tant de fois ?

Oui, la voilà cette image gothique
Qui souriait, son enfant dans les bras ;
Voici la nef, et le pavé rustique
Qui résonnait au seul bruit de mes pas.

Non, ce n’est point un de ces vains mensonges
Dont si souvent fut bercé mon sommeil ;
Je vois ces lieux, qu’appelaient tous mes songes,
Ces lieux, témoins de mon premier réveil.

Ici mon œil, sur le fleuve des âges,
Poursuit en vain quelques flots écoulés,
Ou redemande à de nouveaux ombrages
Quelques rameaux par le temps dépouillés.

Je reconnais l’airain mélancolique
Qui m’éveillait de son glas matinal,
Ou proclamait la prière angélique,
De mon repos fidèle et doux signal.

Qu’ils étaient purs les vœux que mon enfance
Offrait alors à la Reine des cieux !
Qu’ils étaient beaux les jours que l’espérance
Laissait briller à mes regards joyeux !

Comme un essaim dont les rapides ailes
D’un bruit confus troublent long-temps les airs,
Elles ont fui ces heures infidèles,
Et m’ont ravi mes trésors les plus chers.

Combien de fois sur un autre rivage
D’un long soupir j’appelai ce séjour !
Des bords lointains, vers ce riant village,
Combien de fois j’ai rêvé mon retour !

Hélas ! j’ai cru, dans ma vaine allégresse,
En revoyant ces abris protecteurs,
Y retrouver les biens de ma jeunesse,
La paix, la joie et les nobles erreurs.

Songes trompeurs, illusions menteuses,
Dont le réveil est douloureux et prompt,
L’âge a détruit vos images flatteuses,
Comme il pâlit les roses de mon front !

Partout l’oubli, le deuil, le froid silence,
Tous mes amis dispersés ou perdus ,
Et par le temps, le trépas et l’absence,
Tous mes liens dénoués ou rompus !

Coteaux fleuris, bosquets, vallon fertile,
Sentier connu, de feuillage ombragé,
Bois que j’aimais, fleuve pur et tranquille,
Pour moi du moins vous n’avez point changé !

Vous, murs sacrés, des jours de mon jeune âge
Vous éveillez un plus doux souvenir !
Comme autrefois, antique et sainte image,
Tu peux encor m’entendre et me bénir !

Le sort jaloux, Vierge mystérieuse,
N’a pu m’ôter ma constance et ma foi,
Et ma prière, humble et silencieuse,
D’un vol pieux s’élève encor vers toi !

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