Poème 'L’hiver' de Anna de NOAILLES dans 'Le Cœur innombrable'

L’hiver

Anna de NOAILLES
Recueil : "Le Cœur innombrable"

C’est l’hiver sans parfum ni chants…
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.

Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.

Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles…

- Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,

Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.

Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.

- Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles…

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Commentaires

  1. Au pâturage blanc, la noirceur des corbeaux
    Semble une illustration pour un recueil de fables.
    Ils cherchent à manger dans le froid redoutable;
    Sous le soleil naissant, les voilà presque beaux.

    Ils parviennent souvent à tirer du tombeau
    Un insecte bien gras, pitance délectable.
    Si je voulais montrer leur démarche ineffable,
    Je devrais emprunter de son encre à Rimbaud,

    Mais plus modestement, j'use de mon clavier
    Pour peindre les frimas de ce mois de janvier,
    Dont le ciel cependant est d'humeur rayonnante.

    Bientôt le pâturage à nouveau sera vert,
    Alors j'emprunterai une plume à Prévert
    Pour montrer des corbeaux les manières charmantes.

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