La jeunesse
Tout le plaisir de vivre est tenu dans vos mains,
Ô Jeunesse joyeuse, ardente, printanière,
Autour de qui tournoie l’emportement humain
Comme une abeille autour d’une branche fruitière !Vous courez dans les champs, et le vol d’un pigeon
Fait plus d’ombre que vous sur l’herbe soleilleuse.
Vos yeux sont verdoyants, pareils à deux bourgeons,
Vos pieds ont la douceur des feuilles cotonneuses.Vous habitez le tronc fécond des cerisiers
Qui reposent sur l’air leurs pesantes ramures,
Votre coeur est léger comme un panier d’osier
Plein de pétales vifs, de tiges et de mûres.C’est par vous que l’air joue et que le matin rit,
Que l’eau laborieuse ou dolente s’éclaire,
Et que les coeurs sont comme un jardin qui fleurit
Avec ses amandiers et ses roses trémières !C’est par vous que l’on est vivace et glorieux,
Que l’espoir est entier comme la lune ronde,
Et que là bonne odeur du jour d’été joyeux
Pénètre largement la poitrine profonde !C’est par vous que l’on est incessamment mêlé
A la chaude, odorante et bruyante nature ;
Qu’on est fertile ainsi qu’un champ d’orge et de blé,
Beau comme le matin et comme la verdure.Ah ! jeunesse, pourquoi faut-il que vous passiez
Et que nous demeurions pleins d’ennuis et pleins d’âge,
Comme un arbre qui vit sans lierre et sans rosier,
Qui souffre sur la route et ne fait plus d’ombrage…
Poème préféré des membres
dutaillyphilippe a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Anna de NOAILLES
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et romancière française, d’origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte à Paris le 30 avril 1933. Née à Paris, descendante des familles de boyards Bibescu et Craioveşti de Roumanie, elle est la fille du... [Lire la suite]
- Nous t'avons bien redouté
- Moi seule je connais ta langoureuse allure
- Parce que dès l'enfance et d'instinct tu...
- L'hiver aux opaques parois
- Les cœurs purs et spirituels
- Je n'ai besoin, de toi, que toi-même! sans...
- Quand un soudain sommeil a séparé de toi
- Que puis-je te laisser qui t'émeuve et...
- Ce n'est peut-être pas le tribut que...
- Je voyais, aussi nettement
- La jeunesse (3)
- Tu as ta force, j'ai ma ruse (3)
- L'amour, vorace et triste, en son humble... (3)
- Le Jardin et la Maison (2)
- Le Cœur (2)
- Le Temps de vivre (2)
- J'ai travesti, pour te complaire (2)
- Que crains-tu ? L'excès ? l'abondance (2)
- Pourquoi ce besoin fort et triste (2)
- On est bon si l'on est tranquille (2)
Est-ce la même voix, est-ce la même peau ?
De mon corps vieillissant, que puis-je encore attendre ?
Même si à fort peu de charme il peut prétendre,
Certains jours, il advient qu'il soit frais et dispos.
Il a bien plus souvent besoin de son repos,
Mais je vois qu'il a tant de plaisir à le prendre...
Ce qui est bon pour lui, comment le lui défendre
(Ou ce qui est mauvais, quand ça vient à propos).
De sa jeunesse, un corps a-t-il des souvenirs ?
Ou des prémonitions, quant à son avenir ?
Le corps se soucie peu de ces choses lointaines.
Il laisse aller le sang et palpiter le coeur,
Ni vaincu désolé, ni triomphant vainqueur,
Les ans ne sait compter que par quelques dizaines.
Inspiré, Cochonfucius!!!
"Je rêve encore mon jeune âge
Sous le poids de mes cheveux blancs;
Tu me poursuis, fidèle image
Et renais sous la faux du temps." disait A. Von Chamisso dans "Le Château de Concourt" lorsqu'il chantait les merveilles de la jeunesse, ce beau et doux soleil printanier remplie des couleurs et odeurs de la naissance. Toutefois tel un infidèle papillon, elle s'envole tenant l'amour entre ses bras vers d'autres ciels.