Poème 'Tu as ta force, j’ai ma ruse' de Anna de NOAILLES dans 'Poème de l'amour'

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Tu as ta force, j’ai ma ruse

Anna de NOAILLES
Recueil : "Poème de l'amour"

Tu as ta force, j’ai ma ruse ;
Ta force est d’être ce que j’aime,
Elle est dans ta faiblesse même.
— Mais parfois mon instinct plaintif
Écoute d’un cœur attentif
Ma passion pour toi qui s’use.

Tu ne peux t’en douter, sachant
Qu’on n’épuise jamais mon âme,
Tu n’entends pas mon secret blâme,
Ni ce léger chant triomphant
D’une ardeur que le temps entame.
Tu restes calme et confiant.

— Mais moi, épiant ma détresse,
Je perçois jusqu’au battement
Plus délicat de mon ivresse;
Je goûte, — lourde et sans tourment, -
Une consolante paresse.

— Ah ! si je pouvais oublier
Ces instants courts, rares, extrêmes,
Où, mes doigts à tes bras liés,
Je poursuis en ton cœur pillé
Je ne sais quel plus pur moi-même,

Je déferais mon cœur du tien,
Et, recouvrant mon amplitude,
J’irais vers cette solitude
En qui tout être m’appartient!…

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Commentaires

  1. Goupil cynique
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    C’est un sage animal, le plus rusé qui soit,
    Il dit qu’il peut tromper La Fontaine en personne ;
    Ce qu’il ne sème point, souvent il le moissonne,
    Il n’a pas mérité tous les biens qu’il reçoit

    Le corbeau est fâché, sitôt qu’il l’aperçoit,
    Lui qui n’a point pensé que la leçon fût bonne ;
    Un tel oiseau n’est pas de ces gens qui pardonnent,
    Car il vit dans un monde où c’est chacun pour soi.

    Ne suivez donc jamais de ce goupil l’exemple,
    Qui, comme un prédateur, ses victimes contemple ;
    Ce n’est pas charitable et ce n’est pas bien beau.

    Dans les fables, vraiment, ses fautes il peut lire,
    Mais, malheureusement, ces textes le font rire ;
    Le fabuliste aussi en rit, dans son tombeau.

  2. Écolopédago
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    Délire en hiver,
    Enseignement à la noix
    Par un écureuil.

  3. Renarde qui rêve
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    En songe, on se construit un cosmos bien à soi,
    La renarde, elle aussi, des mirages façonne ;
    Elle entrevoit un prince et son âme frissonne,
    Mais ce n’est qu’au réveil qu’elle s’en aperçoit.

    Ce rêve reviendra, qui sait combien de fois ?
    Mirages intérieurs, reflets que l’on moissonne,
    Univers où se fond l’une à l’autre personne ;
    Entrer dans un tel jeu, c’est un acte de foi.

    L’aviateur prend congé de son étrange prince,
    L’un rejoint sa planète, et l’autre, sa province ;
    Pour eux deux, c’est un deuil qu’il faut apprivoiser.

    Le fatal serpent dit « Cette enveloppe est vide,
    Vos destins, cependant, se sont entrecroisés,
    Comme ceux des héros d’un poème d’Ovide. »

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