Poème 'Ne touchez pas aux Marbres' de Théophile GAUTIER dans 'Un douzain de sonnets'

Ne touchez pas aux Marbres

Théophile GAUTIER
Recueil : "Un douzain de sonnets"

Il se peut qu’au Musée on aime une statue,
Un secret idéal par Phidias sculpté :
Entre elle et vous il naît comme une intimité ;
Vous venez, la déesse à vous voir s’habitue.

Elle est là, devant vous, de sa blancheur vêtue,
Et parfois on oublie, admirant sa beauté,
La neigeuse froideur de la divinité
Qui, de son regard blanc, trouble, fascine et tue.

Elle a semblé sourire, et, plus audacieux,
On se dit : « L’Immortelle est peut-être une femme ! »
Et vers la main de marbre on tend sa main de flamme.

Le marbre a tressailli, la foudre gronde aux cieux !…
Vénus est indulgente, elle comprend, en somme,
Que le désir d’un Dieu s’allume au cœur d’un homme !

4 avril 1867.

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Commentaires

  1. Les sept cailloux
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    De ce caillou d'argent, ferai-je une statue ?
    Ou du caillou d'azur, plus facile à scupter ?
    De gueules, qui paraît une lèvre imiter ?
    De sable, auquel la vue aisément s'habitue ?

    La pierre de sinople est de grâce vêtue ;
    Et l'or, peut-être, est seul à rendre la beauté
    Dont se pare la muse ou la divinité ;
    Mon esprit à choisir vainement s'évertue.

    Seras-tu polychrome, image de la Femme,
    Comme un feu d'artifice aux incroyables flammes ?
    Je réfléchis encore, et j'invoque les dieux.

    Ainsi, j'approfondis, j'hésite, je rumine :
    C'est alors que surgit un grand monstre d'hermine
    Qui dit : -- Foin d'une fille ! Un fauve, c'est bien mieux.

  2. Retouche (deuxième vers) :

    sculpter

  3. Corne d'Auroch adolescent
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    Je fais aux statues
    De vif brouillons de baisers,
    Brassens s'en amuse.

  4. ... « vifs », plutôt.

  5. Arbre de marbre
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    Je ne crains point le ciel qui devient noir,
    Moins menaçant que n’est un incendie ;
    Je ne crains point les faunes d’Arcadie,
    Même s’ils sont amateurs de foutoir.

    Je suis un arbre aux magiques pouvoirs,
    Par ma force est la dryade enhardie ;
    Sa voix s’élève en douces mélodies,
    Formant un chant de détresse et d’espoir.

    Je dis des vers, ceux que je me rappelle,
    Tel un vieux moine en la verte chapelle ;
    L’herbe m’écoute et n’en retiendra rien.

    J’oublie des mots, mais qu’à cela ne tienne,
    Je suis ainsi, les phrases vont et viennent,
    Changent de forme et tissent d’autres liens.

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