Poème 'Récompense' de Georges RODENBACH dans 'Les Tristesses'

Récompense

Georges RODENBACH
Recueil : "Les Tristesses"

À Madame Mireille Garcin de Maynard.

Savoir qu’on sera lu par les yeux doux des femmes
Et qu’elles presseront, pendant les soirs d’hiver,
Votre livre imprégné d’un rayon tiède et clair
Qui venant droit du cœur ira droit vers les âmes.

Et savoir qu’au contact de vos vers pleins de flammes
Un frisson sensuel glissera sur leur chair,
Et que, vous évoquant comme un inconnu cher,
Elles vous béniront dans leurs épithalames !

Et savoir qu’au printemps, sous les branches des bois,
Elles tiendront encor vos pages dans leurs doigts
Qu’enserre élégamment le cercle d’or des bagues ;

Et qu’assises sur l’herbe, au rebord des fossés,
Elles prendront leur part de vos tristesses vagues
Et vous rendront les pleurs que vous avez versés !…

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Assis au bord de l'eau, je compose un sonnet
    Directement au dos d'une carte postale ;
    J'enverrai cette fleur à quatorze pétales
    A une amie de coeur qu'au lointain je connais.

    Ce serait un haïku, si j'étais japonais ;
    Illettré, ce seraient trois fleurs sentimentales.
    Car, puisqu'ils n'avaient point même langue natale,
    Homère un autre chant que Virgile entonnait.

    Boîte aux lettres, quand tu détiendras ce courrier,
    Que vienne le postier, sans se faire prier,
    Le prendre et le porter où vit ma douce amie.

    Facteur, quand tu verras la belle en son château,
    Donne-lui mon écrit tracé au bord de l'eau,
    Puisqu'il contient mon coeur, mes soupirs et ma vie.

  2. L'année s'est enfuie
    Nul mot dans mon carnet
    Ne s'est déposé-

  3. Trois plumes d’azur
    ---------------------

    C’est la plume d’antan, plus douce qu’une femme,
    Qui me tint compagnie pendant les soirs d’hiver ;
    La plume du présent trace un langage clair
    Qui tente, chaque jour, de refléter mon âme.

    La plume du futur sera-t-elle une flamme
    Brûlant bien au-delà de la mort de ma chair ?
    Ces trois plumes, parlant à ceux qui me sont chers,
    Ne sont que des roseaux, d’insignifiants calames.

    Mais je sais qu’au printemps, sur ma table de bois,
    J’aurai certainement la plume entre les doigts,
    Plume qui ornemente et plume qui élague.

    Ou bien, j’irai sur l’herbe, au rebord des fossés,
    Brasser des illusions, trouver des idées vagues
    Puis rire au souvenir d’encriers renversés.

Rédiger un commentaire

Georges RODENBACH

Portait de Georges RODENBACH

Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS