Poème 'Stances : Puisque, sourde à mon vœu, la fortune jalouse…' de Charles-Augustin SAINTE-BEUVE dans 'Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Charles-Augustin SAINTE-BEUVE > Stances : Puisque, sourde à mon vœu, la fortune jalouse…

Stances : Puisque, sourde à mon vœu, la fortune jalouse…

Charles-Augustin SAINTE-BEUVE
Recueil : "Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme"

IMITÉ DE KIRKE WHITE.

Puisque, sourde à mon vœu, la fortune jalouse
Me refuse un toit chaste ombragé d’un noyer,
Quelques êtres qu’on aime et qu’on pleure, une épouse,
Et des amis, le soir, en cercle à mon foyer,

Ô nobles facultés, ô puissances de l’âme,
Levez-vous, et versez à ce cœur qui s’en va
L’huile sainte du fort, et ranimez sa flamme ;
Qu’il oublie aujourd’hui ce qu’hier il rêva.

Lorsque la nuit est froide, et que seul, dans ma chambre,
Près de mon poêle éteint j’entends siffler le vent,
Pensant aux longs baisers qu’en ces nuits de décembre
Se donnent les époux, mon cœur saigne, et souvent,

Bien souvent je soupire, et je pleure, et j’écoute.
Alors, ô saints élans, ô prière, arrivez ;
Vite, emportez-moi haut sous la céleste voûte,
À la troisième enceinte, aux parvis réservés !

Que je perde à mes pieds ces plaines nébuleuses,
Et l’hiver, et la bise assiégeant mes volets !
Que des sphères en rond les orgues merveilleuses
Animent sous mes pas le jaspe des palais ;

Que je voie à genoux les Anges sans paroles ;
Qu’aux dômes étoilés je lise, triomphant,
Ces mots du doigt divin, ces mystiques symboles,
Grands secrets qu’autrefois connut le monde enfant ;

Que lisaient les vieillards des premières années,
Qu’à ses fils en Chaldée enseignait chaque aïeul….
Sans plus songer alors à mes saisons fanées,
Peut-être j’oublierai qu’ici-bas je suis seul.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS