Poème 'La luxure' de René CHAR

La luxure

René CHAR

L’aigle voit de plus en plus s’effacer les pistes de la mémoire gelée
L’étendue de solitude rend à peine visible la proie filante
A travers chacune des régions
Où l’on tue où l’on est tué sans contrainte
Proie insensible
Projetée indistinctement
En deçà du désir et au-delà de la mort

Le rêveur embaumé dans sa camisole de force
Entouré d’outils temporaires
Figures aussitôt évanouies que composées
Leur révolution célèbre l’apothéose de la vie déclinante
La disparition progressive des parties léchées
La chute des torrents dans l’opacité des tombeaux
Les sueurs et les malaises annonciateurs du feu central
L’univers enfin de toute sa poitrine athlétique
Nécropole fluviale
Après le déluge des sourciers

Ce fanatique des nuages
A le pouvoir surnaturel
De déplacer sur des distances considérables
Les paysages habituels
De rompre l’harmonie agglomérée
De rendre méconnaissables les lieux funèbres
Au lendemain des meurtres productifs
Sans que la conscience originelle
Se couvre du purificateur glisse

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