Poème 'Une étrange aventure' de leutcha

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Une étrange aventure

leutcha

La chasse pour la liberté fut coriace
et riche en supercheries
des tigres des panthères
et des lions en casques blancs
tuèrent plusieurs de nos camarades
plusieurs prirent la fuite
lors de la bataille nocturne de septembre
un grand nombre avait les jambes saignantes
nous avions pour finalité
de transformer en immenses rayons de miel
le devenir de notre communauté
nous n’avions que des pilons et des gourdins
mais notre détermination et notre volonté
nos armes étaient et nos munitions
l’Indépendance inspirait nos actions

La chasse fut infiniment tenace et sans pitié
des oies des renards et des caméléons
militaient en taupes dans nos rangs
l’Indépendance la liberté ou la mort
rien ne pouvait détourner nos regards
du soleil de ces sublimes idéaux
plusieurs de nos héros perdirent la vie
et ne furent pas inscrits dans les registres de l’histoire

Un jour après une longue et sanglante bataille
un casque blanc bien connu
de nos valeureux combattants
appela les seigneurs de la guerre
tous les nains et tous les géants
tous les borgnes et tous les sourds
tous les aveugles et tous les invalides
et leur ordonna de se masser
sur la place du marché

Le casque blanc bien connu
sonna de la trompette
puis invita tous les aveugles
tous les nains tous les estropiés
tous les sourds et tous les invalides
à entrer dans le cercle formé par le peuple
et après un long discours
tissés de ruses et de tapettes
promettant l’Indépendance
la justice la liberté
et la prospérité pour tous
les aveugles les nains les sourds
et tous les invalides furent couronnés
guides de notre jeune communauté

Et quand vint le temps de partager
l’énorme éléphant que nous avions abattu
les aveugles les sourds
les nains et tous les invalides
s’assirent autour de l’arbre à palabre
et mirent en œuvre un code de lois
pour gérer ce butin commun
au nom de la loi
ils s’approprièrent les gigots de devant et de derrière
la tête et les deux défenses
et tout le contenu du ventre
furent remis à leurs amis et à leur famille
le reste fut jeté à la masse
tous ceux qui élevèrent la voix
reçurent un clou rouge aux côtes
conformément à la loi

Femmes et hommes pareils à des hyènes
bataillaient s’empoignaient et s’entre-tuaient
pour une part individuelle
les gens pleuraient et en bavaient
et un grand nombre de compatriotes
ne purent se tailler une part
notre appétit d’une destinée de lait et de miel
pleurait aux mains des guides vainqueurs
l’attente d’un dénouement heureux
demeure jusques à nos jours
un rêve nourri de vertiges et de nausées

Plusieurs femmes et hommes par sagesse
s’éloignèrent de ce groupe de renards et de loups
et se constituèrent en Parti de Mains Unies
pour entreprendre une nouvelle chasse
des girafes des buffles et des antilopes
furent traqués et vaincus
et pendant qu’ils partageaient les fruits
de leurs communs efforts
des compères armés et envoyés
par les invalides et leurs alliés
emportèrent toutes les têtes
et tous les gigots de devant et de derrière
un vieux géant se mit à hausser le ton
contre cette décision contraire à leurs coutumes
deux sbires vêtus de peaux de panthères
pour l’intérêt de la communauté
de deux coups de feu l’exilèrent au royaume
où la vie n’a ni bouche ni souvenir

Nos guides éclairés au nom du peuple
déclaraient de jour comme de nuit
qu’ils avaient été couronnés
à vie
et de jour comme de nuit
aucun homme aucune femme
ne pouvait s’asseoir autour du trône
sans avoir longtemps rampé sur le ventre
et sous les applaudissements de la masse

Et depuis ce jour où nos rêves ont ruiné leur vertu
hommes et femmes dans notre pays
les yeux criblés ont de mille trous
et les lèvres tissées de lianes d’acier
vous pouvez hacher leurs fils ou leurs filles
et leurs voisins mettre en menus morceaux
ils éclateront de rire
et vous couvriront de belles roses
ici le trône est un étrange monstre
qui toujours chiffonne nos vies
et qu’on a toujours applaudi

Maroua 15 septembre 2006.

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