Poème 'A celles et ceux qui l’ont déjà bu' de PhulanKile

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A celles et ceux qui l’ont déjà bu

PhulanKile

Un verre se vide, d’à moitié plein. Une heure est passée,
encore en vin. Affleure alors l’envie d’être aimé
par ceux qui sont loin.
Et le verre se remplit de nouveau en vain. De l’horreur,
de l’impuissance naît les stigmates du vin
et naît la peur d’un sinistre quotidien.
Peur de soi, peur des siens, érosion des sens
qui te bouffe foie et reins en toute inconscience,
volonté d’aimer celle qui ne sens rien.

Et le verre poursuit son cycle de vide à plein.
Et la tristesse des aimés s’étiole, craignant que
ce verre dernier n’amène l’être cher à oublier demain.
Un verre de bière ou un verre de vin, qu’importe,
puisque la misère se noie aujourd’hui comme demain
dans la croyance de ce verre de vin.

La beauté quotidienne en devient étrange
évanescence, irradience inféconde de l’instant
immense. Trouble(s) de la décadence.
Le vin tiré permet au sens de s’émietter et
à la douleur de s’oublier, évaporation en d’autres
consistances dont l’horrible est sa constance.

Une journée consacrée à Dionysos, une autre
encore de souffrance, puis une autre que ces bruyants cors
ne peuvent atteindre dans son corps.
Et les semaines s’accumulent au son des bouteilles
vides s’entrechoquant sans recul, sans envie autre
que l’ennui. Des douleurs aux pleurs dues à sa vie,
des heurts aux malheurs de l’aphonie de ses cris.

Une, deux, trois. Combien d’autres encore ont les foies
de l’insupportable train où va leurs vies. Combien
encore à croiser, à consoler, à consolider
de son être, par ses cris à devoir faire résonner
dans leurs vies. Qui de sa lointaine retraite,
de la rancœur dont on le traite, pourra voir
à nouveau, le front lourd des siècles en fête,
tel un admirable esthète, renouvelant en refrain
les puissants cris de joie des hommes et des bêtes.

Les verres se passent de main en main. Les bouteilles
tombent toujours en vain, lorsque monte l’ombre
de la plainte du soir et du matin, de ceux
qui boivent en oubliant qu’ils seraient bien,
de ceux qui boivent oublieux de leurs Siens.

Un verre se vide, d’à moitié plein il perd ses rides
qui se collent aux joues et aux seins. Une bouteille,
toujours en vain, s’aride lorsque vient le torride instant quotidien,
le froid matin gelé comme l’après-midi bleuté
de l’été, la liqueur d’un prunier ou le goût
du pastis glacé vient à la vie pour supporter les cris
que poussent, lugubres, et son corps et son esprit.

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