A Philis. Stances
Ha! Philis, que le Ciel me fait mauvais visage!
Tout me fâche et me nuit,
Et, réservé l’amour et le courage,
Rien de bon ne me suit.Les astres les plus doux ont conjuré ma perte,
Je n’ai plus nul soutien;
La Cour me semble une maison déserte
Où je ne trouve rien.Les hommes et les dieux menacent ma fortune,
Mais en leur cruauté,
Pour mon soulas tout ce que j’importune,
Ce n’est que ta beauté.Les traits de tes beautés sont d’assez fortes armes
Pour vaincre mon malheur,
Et dans la gêne, assisté de tes charmes,
Je mourrai sans douleur.Dedans l’extrémité de la peine où nous sommes,
Soupirant nuit et jour,
Je feins que c’est la disgrâce des hommes,
Mais c’est celle d’amour.Parmi tant de dangers c’est avec peu de crainte
Que je prends garde à moi;
En tous mes maux le sujet de ma plainte
C’est d’être absent de toi.Pour m’ôter aux plus forts qui me voudraient poursuivre,
Je trouve assez de lieux:
Mais quel climat m’assurera de vivre,
Si je quitte tes yeux?Le Soleil meurt pour moi, une nuit m’environne,
Je pense que tout dort,
Je ne vois rien, je ne parle à personne:
N’est-ce pas être mort?
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Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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