Poème 'Demain peut-être' de ATOS

Accueil > Les membres > Page de poésie de ATOS > Demain peut-être

Demain peut-être

ATOS

J’aime ces matins d’hiver,
Sous leurs brumes irréelles.
La banlieue s’éveille.

La gare au loin résonne du souffle des anonymes.
Les gosses filent dans la nuit à peine évanouie.
Les portes rythment les battements de nos peurs.

Les murmures enveloppent la cuirasse de pierre et de bitume.
J’aime ces bruits si réels,
Au dessus d’une ville qui bégaye.

Ces balbutiements m’invitent à ne pas oublier.
Surtout me rappeler que j’y suis née.
Ma terre est en ce lieu.

Les mômes des banlieues n’ont pour toute rivière
Qu’une ligne de chemin de fer.
Ils n’ont ni bois profonds, ni demeures d’exception.
Ils ont les mots et les gestes qui nous rappellent qu’ailleurs
Certains n’ont jamais eu le choix du meilleur.
Leur démarche, et leur histoire retracent les exils passés.
Les espoirs, et les regrets tagués sur leurs regards affamés.
Ils sont arrivés,
Ou se sont égarés,
Là, où les pères rêvaient de pouvoir s’échouer.

Ils ne sont pas les fruits de l’errance.
Ils ont l’espérance de voir leur différence devenir une chance.

La violence du monde est toute entière dans leur colère.
Mais ils nous offrent la multitude et l’infini,
La beauté du monde en raccourci.

Chaque matin, sur ce chemin tant de fois parcouru,
Je me nourris de cette terre de passage, de mirage.

C’est là, et en nul autre lieu, que palpite le cœur de nos vies.

Le calme ne serait que l’écho d’une illusoire tranquillité.
On refuse le destin quand on est enfant du mépris.

Demain peut-être…

Quelque chose de grand? Quelque chose de puissant?
Quelque chose qui nous donnera l’envie d’être vivant.

J’aime ces matins brumeux,
où le silence des bienheureux
S’égraine aux cris des malheureux.

Poème préféré des membres

PalabrasSinTierra et Fano ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.

Commentaires

  1. Et moi j'aime ce poème!

  2. wahhoouuuu !! génial, l'assemblée applaudit, c'est l'effervescence dans la salle, le train qui passe tchou tchou !!
    Merci beaucoup Astrid pour ce poème, c'est d'une grande émotion. Mon coeur palpite à cinq heure du matin. Génial...
    Continue ;)

  3. C'est superbe
    Les mots sont maniés avec une telle grâce qu'ils nous emportent

  4. J'aime beaucoup.
    "on refuse le destin quand on est enfant du mépris", c'est le genre de vers que l'on aurait aimé écrire. Et dont je suis jaloux !

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS