Poème 'Les jardins ouvriers' de ATOS

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Les jardins ouvriers

ATOS

Tu portais sa casquette de laine,
Et moi, en portant le vieux panier,
Je vous devançais.
Il soulevait un étrange anneau de fer
Et poussait avec effort
une impossible barrière.
Juillet nous souriait
Et nos vacances commençaient.
Dans ses mains, pépé,
Il avait tout son jardin.
Elles en avaient la force et la fraîcheur,
Elles en avaient l’odeur et les couleurs.
L’almanach de mille saisons.
Toute la mémoire d’un jardin ouvrier.
Il nous offrait tout un royaume
Et nous, nous étions en cavale.
Des bonhommes se dépliaient
Et de tous leurs bras nous saluaient:
Bébert l’alouette,
Gros lou et P’tit Genté
La femme à La Grive,
Et le fils à Benou,
Pour pépé c’était ses copains,
Pour nous c’était la bande à Mandrin.

On s’émiettait au milieu des allées.
Des minots pas plus gros que des moineaux.
Une tartine et trois noyaux,
Deux escargots et la bise aux poulbots.
Posée sur un cageot,
La radio courait après le maillot.
Pépé, les manches retroussées,
Roulait sa cigarette,
Posait son journal,
Puis ouvrait la cabane.
Le travail pouvait commencer.

On tournait le vieux robinet accroché par hasard
A une planche de chêne ramassée sur les voies.
Nos orteils trouvaient une plage sur un lit de gravier froid,
Et nous tendions l’oreille contre la bedaine d’un l’arrosoir en zinc,

«Allez les mômes!
Ramassez les petits pois!»
La cabane sentait le mazout, la paille, et la pomme oubliée.
On y faisait sécher des graines,
Sur les titres d’un vieux journal.
A l’ombre du toit en tôle et de guingois,
Ça sentait l’encre, le thym et le tabac.
On chassait le cassis et la groseille.
On tirait sur le raffia.
On dénichait le perce oreille.
On savait les abeilles, et les queues de lièvre.
Parmi les sauvageonnes on s’échangeait mille promesses.
On guettait les mésanges, en caressant les orties.
A travers les mange tout.
On chopait les sauterelles.
Et là pour sûr, à travers deux espaliers,
Pépé se mettait à gueuler!
Moi je te poussais,
et toi,
comme jamais,
Tu me souriais.
Juillet se mettait tout à coup à guincher,
Le maillot venait de passer la ligne d’arrivée!
Et nos vacances promettaient.
La terre transpirait,
Et nos cheveux sentaient le ciel.
«Allez les mômes!
Y faut rentrer, mémé va encore râler!»
On courait ranger les gamelles,
Les tuyaux et les râteaux.
J’avais gagné sa casquette
Et toi, fort comme trois pommes,
Tu portais notre panier.
Juillet nous aimait
Et grand père souriait.
On était les gosses à pépé,
Des gosses du jardin ouvrier.
Mais nom d’un p’tit bonhomme,
tu peux me dire toi
Ce qui a bien pu nous arriver ?

Premier concours national de poésie de la Ville de DENAIN (59), Second prix dans la catégorie « Prix spécial – poème traitant du Nord de la France ». septembre 2014

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Commentaires

  1. Jardin lointain (Pays de Poésie 27-6-14)
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    Errant un soir au jardin plutonien,
    Je fus charmé de son heureux ombrage :
    Si foisonnants en furent les feuillages
    Que l’on eût dit d’un bois amazonien,

    Ou des vergers dont les Babyloniens
    En leurs écrits ont donné témoignage ;
    Ou de l’Eden, d’où notre humain lignage
    Fut exilé par décret draconien.

    Après souper, des joueurs de cithare
    Firent sonner, pour un vieux roi barbare,
    Un air guerrier sous ces nobles rameaux ;

    Ô longue nuit de musique baignée
    Et d’une voix de muse accompagnée,
    Consacre Eros, et Bacchus, son jumeau !

  2. texte trop long; on n'accroche pas !

  3. instants de vie gravés à jamais par la plume; moi j'ai accroché ce poème dans mes préférés car il y a une part de l'âme du poète

    amitiés poétiques Atos

  4. Conchonfucius toujours excellent!!!

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