D’un sommeil plus tranquille à mes amours rêvant…
D’un sommeil plus tranquille à mes amours rêvant,
J’éveille avant le jour mes yeux et ma pensée,
Et cette longue nuit si durement passée,
Je me trouve étonné de quoi je suis vivant.Demi désespéré je jure en me levant
D’arracher cet objet à mon âme insensée,
Et soudain de ses vœux ma raison offensée
Se dédit et me laisse aussi fol que devant.Je sais bien que la mort suit de près ma folie,
Mais je vois tant d’appas en ma mélancolie,
Que mon esprit ne peut souffrir sa guérison.Chacun à son plaisir doit gouverner son âme,
Mithridate autrefois a vécu de poison,
Les Lestrygons de sang, et moi je vis de flamme.
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Étrange est ce métier que l'on fait en rêvant.
Le poète, emporté dans d'étranges pensées,
Soit de l'instant présent, soit de sa vie passée,
En imagination plus qu'en acte est vivant.
Il est vibrant de mots, au matin, se levant,
Il voit devant ses yeux une image insensée,
Sa syntaxe est parfois quelque peu défoncée
Car ce qui est derrière eût pu être devant.
Sa versification est un jeu de folie ;
C'est de folle passion et de mélancolie
Qu'il fait proliférer les rimes sans raison.
L'écho d'anciens sonnets résonne dans son âme,
Il mijote un breuvage, assemblant des poisons
Qui tout au long des jours alimentent sa flamme.
Ambicavalier romantique
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Un ambicavalier suit la route en rêvant,
Emportant avec lui ses étranges pensées,
Où est l’instant présent ? où est sa vie passée,
À peine s’il ressent que son coeur est vivant.
Il suit les longs chemins, du ponant au levant,
Il laisse divaguer sa monture insensée ;
Si la route est parfois quelque peu défoncée,
Cela n’empêche point qu’il aille de l’avant.
Sa pérégrination est un jeu de folie ;
Par étrange passion et par mélancolie,
Il parcourt le pays sans rime et sans raison.
Les chansons d’autrefois résonnent dans son âme ;
Un peu de nostalgie, ce n’est pas un poison,
C’est ce que croit, du moins, l’ambicheval de flamme.
Arbre tranquille
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Cet arbre, c’est un bon vivant,
Un peu perdu dans ses pensées ;
Il songe à des saisons passées,
Il se les raconte en rêvant.
Dans l’éclat du soleil levant
Danse la dryade insensée ;
Joyeuse, elle s’est avancée
Vers le faune aux yeux émouvants.
L’arbre rit de cette folie ;
Ces créatures sont jolies,
Et qu’importe leur déraison...
La poésie nourrit leurs âmes ;
Ne dis pas que c’est un poison,
Car moi, j’en offre aux nobles dames.