Poème 'Je vais me foutre à l’eau' de Bernard DIMEY dans 'Sable et cendre'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Bernard DIMEY > Je vais me foutre à l’eau

Je vais me foutre à l’eau

Bernard DIMEY
Recueil : "Sable et cendre"

Il paraît que je bois, que je bois trop souvent.
J’aime le Juliénas et le Côte-Rôtie
Le Chirouble et l’Brouilly et le Moulin-àVent,
Ces liquides affreux qui vous gâchent la vie,
Il paraît que j’en bois très exagérément,
C’est peut-être pour ça que je perds la mémoire.
Le Pommard, le Morgon et le petit Cahors,
Il paraît qu’à mon âge on a bien tort d’en boire,
Je n’ai plus qu’un moyen pour éviter la mort,

Demain je vais me foutre à l’eau,
Je ne sais pas encore laquelle,
Peut-être bien l’eau de Vittel
Ou la Contrex ou la Badoit.
Pour qu’enfin ma vie soit plus belle,
Je vais me foutre à l’eau pour toi.

Le Muscadet qu’on lèche à sept heure du matin
Avec les plâtriers ou les meneurs de viande,
Ce Traminer d’onze heure que m’offre les putains
Avant que j’aie le temps de passer la commande,
Histoire avant midi de se remettre en train,
Sans parler du whisky, du fin et de la fine
Qu’on écluse la nuit dans les cabarets chics
Avec des créatures échappées des vitrines
Qui vous laissent sans force à l’aurore et sans fric.

Demain je vais me foutre à l’eau.
Dès que j’aurai choisi laquelle
J’irai tout doux m’y fair’ la belle,
Mais ni Contrex ni Badoit,
C’est trop sophistiqué pour moi,
J’en garderai un verr’ pour toi.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Moulin funeste
    -----------

    De noire magie sont mes ailes investies,
    Car je fus bâti par un chamane mongol ;
    Dans les seaux de mortier il mêla des hosties,
    Sur la porte il grava le nom de plusieurs trolls.

    Ma toile fut tissée dans une sacristie,
    Près d’un bénitier plein de jus de corossol ;
    Je suis un noir moulin, foin de la modestie,
    Capable d’assommer les aigles en plein vol.

    Le sinistre meunier jadis fut dans la dèche,
    Maintenant, tu le vois, c’est dans la soie qu’il crèche,
    Lui qui sut déchaîner quelques enchantements.

    Je sais que Dieu sur moi lancera des tempêtes,
    Tu me verras alors m’écrouler lentement ;
    Tu pourras en nourrir ton oeuvre, ami poète.

  2. Saint Gambrinus
    ------------------

    J’aime boire, et je parle peu,
    Sauf, parfois, lors des grandes fêtes ;
    J’ai des répliques toutes prêtes,
    Je les place comme je peux.

    Je vais bien, mais je me fais vieux,
    « Neiges d’antan », dit un poète ;
    Il dit ces mots que je répète,
    Pourquoi chercher à faire mieux ?

    J’ai bien bu, mais je bois encore ;
    La bière en sa chope se dore,
    Savoureuse en toute saison.

    D’autres buveurs lèvent leur verre,
    Qui le coude souvent levèrent ;
    Les prochains sont pour la maison.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS