Poème 'Jour des morts' de Jean RICHEPIN dans 'La chanson des gueux'

Jour des morts

Jean RICHEPIN
Recueil : "La chanson des gueux"

On n’a pas vu le ciel aujourd’hui. Gris, opaque,
Et très bas, le brouillard est resté suspendu.
Les regards se brisaient au froid de cette plaque,
Métal terni que nul rayon d’or n’a fendu.

Vers le soir seulement, au bord du lourd couvercle
Une lueur, ainsi qu’un fil de sang vermeil,
Se glisse, creuse un trou, puis s’élargit en cercle.
Le brouillard est trempé de gouttes de soleil.

Il s’effrange, il se fond en chauds reflets d’opale,
Et l’on voit vers le sol languissamment neiger
Des flocons de vapeur, ouate de pourpre pâle
Qui vole en tourbillon lumineux et léger.

Deux petits mendiants, blottis sous une porte,
Ouvrent leurs grands yeux bleus vaguement éblouis.
Songeant au cimetière où gît leur mère morte,
Du beau tapis qu’il tombe ils sont tout réjouis.

Car ces flottants flocons de pourpre sont les roses
Qui parfument du ciel les printemps toujours verts,
Et que le bon soleil jette en ces soirs moroses
Sur la terre endormie au tombeau des hivers.

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Jean RICHEPIN

Portait de Jean RICHEPIN

Jean Richepin, né à Médéa (Algérie) le 4 février 1849 et mort à Paris le 12 décembre 1926, est un poète, romancier et auteur dramatique français. Ce poète turbulent, fils d’un médecin militaire originaire d’Ohis (Aisne), eut dans sa jeunesse une réputation de « fort en thème », ce qui lui permit de faire de... [Lire la suite]

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