Poème 'L’aveugle et le paralytique' de Jean-Pierre Claris de FLORIAN dans 'Fables'

L’aveugle et le paralytique

Jean-Pierre Claris de FLORIAN
Recueil : "Fables"

Aidons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l’on fait à son frère
Pour le mal que l’on souffre est un soulagement.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine.
Pour la persuader aux peuples de la Chine,
Il leur contait le trait suivant.

Dans une ville de l’Asie
Il existait deux malheureux,
L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux.
Ils demandaient au Ciel de terminer leur vie ;
Mais leurs cris étaient superflus,
Ils ne pouvaient mourir. Notre paralytique,
Couché sur un grabat dans la place publique,
Souffrait sans être plaint : il en souffrait bien plus.
L’aveugle, à qui tout pouvait nuire,
Etait sans guide, sans soutien,
Sans avoir même un pauvre chien
Pour l’aimer et pour le conduire.
Un certain jour, il arriva
Que l’aveugle à tâtons, au détour d’une rue,
Près du malade se trouva ;
Il entendit ses cris, son âme en fut émue.
Il n’est tel que les malheureux
Pour se plaindre les uns les autres.
 » J’ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres :
Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux.
- Hélas ! dit le perclus, vous ignorez, mon frère,
Que je ne puis faire un seul pas ;
Vous-même vous n’y voyez pas :
A quoi nous servirait d’unir notre misère ?
- A quoi ? répond l’aveugle ; écoutez. A nous deux
Nous possédons le bien à chacun nécessaire :
J’ai des jambes, et vous des yeux.
Moi, je vais vous porter ; vous, vous serez mon guide :
Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés ;
Mes jambes, à leur tour, iront où vous voudrez.
Ainsi, sans que jamais notre amitié décide
Qui de nous deux remplit le plus utile emploi,
Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi. « 

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Commentaires

  1. Le fils du charpentier, qui n'avait pas d'argent,
    Veut aller boire un soir, et s'en revient sur terre.
    Le patron de l'auberge, un homme un peu austère,
    Lui dit « Nul ne boira chez moi gratuitement ».

    En entendant cela, un buveur allemand
    Au fils du charpentier offre un verre de bière.
    Le Seigneur, ayant dit une courte prière,
    Lui guérit son arthrose, un mal très déformant.

    Un vieil Anglais survient, et offre encore un coup ;
    Et pour récompenser ce geste de bon goût,
    Le fils du charpentier guérit sa lombalgie.

    D'un gars français il eut un grand verre de vin,
    Mais une guérison, il proposa en vain ;
    Puisque notre homme était en arrêt-maladie.

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