Poème 'Le dernier rendez-vous ou L’éternelle chanson' de Rosemonde GÉRARD ROSTAND dans 'Les Pipeaux'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Rosemonde GÉRARD ROSTAND > Le dernier rendez-vous ou L’éternelle chanson

Le dernier rendez-vous ou L’éternelle chanson

Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Recueil : "Les Pipeaux"

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s’ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d’autrefois nous reviendrons causer,
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant toujours par un baiser.
Combien de fois jadis j’ai pu dire  » Je t’aime  » ?
Alors avec grand soin nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d’une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d’autrefois nous reviendrons causer.

Et comme chaque jour je t’aime davantage,
Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain,
Qu’importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave – et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s’entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d’autres liens.
C’est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l’âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t’aime davantage,
Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain.

Et de ce cher amour qui passe comme un rêve,
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir s’il se peut l’impression trop brève
Pour la ressavourer plus tard avec lenteur.
J’enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare,
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours ;
Je serai riche alors d’une richesse rare
J’aurai gardé tout l’or de mes jeunes amours !
Ainsi de ce passé de bonheur qui s’achève,
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ;
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
J’aurai tout conservé dans le fond de mon coeur.

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s’ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d’antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête
Et tu me parleras d’amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

Poème préféré des membres

Alexandre, Sklaerenn, MALICE, DoubleB et JuCharline83 ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.

Commentaires

  1. Primate indépendant
    --------------

    Très peu d’interactions dans ma vie quotidienne,
    Presque aucune rencontre et jamais de discours ;
    Il ne m’arrive point de changer de parcours
    Quand j’accomplis mon temps d’errance méridienne.

    J’ai vécu de la sorte, autant qu’il m’en souvienne,
    Ce fut sur cette terre un aimable séjour ;
    Je sais que le plaisir ne peut durer toujours,
    Qui jadis fut si vif (des bribes m’en reviennent).

    Et d’autres vous diront « le plaisir c’est du vent »
    Mais ce souffle enchanteur me fit planer souvent,
    De mes quelques écrits c’est le plus noble thème.

    Sur le fleuve du temps nos coeurs vont dérivant ;
    Eros est parfois dur, mais jamais décevant,
    Ce dieu qui non sans rire entend les mots « Je t’aime ».

  2. Comparaison
    -----

    Le primate humain
    N'a pas un si beau pelage
    Que ceux des forêts.

Rédiger un commentaire

Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Portait de Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953.
Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS