Poème 'Le rossignol et le paon' de Jean-Pierre Claris de FLORIAN dans 'Fables'

Le rossignol et le paon

Jean-Pierre Claris de FLORIAN
Recueil : "Fables"

L’aimable et tendre Philomèle,
Voyant commencer les beaux jours,
Racontait à l’écho fidèle
Et ses malheurs et ses amours.
Le plus beau paon du voisinage,
Maître et sultan de ce canton,
Elevant la tête et le ton,
Vint interrompre son ramage :
C’est bien à toi, chantre ennuyeux,
Avec un si triste plumage,
Et ce long bec, et ces gros yeux,
De vouloir charmer ce bocage !
A la beauté seule il va bien
D’oser célébrer la tendresse :
De quel droit chantes-tu sans cesse ?
Moi, qui suis beau, je ne dis rien.
Pardon, répondit Philomèle :
Il est vrai, je ne suis pas belle ;
Et si je chante dans ce bois,
Je n’ai de titre que ma voix.
Mais vous, dont la noble arrogance
M’ordonne de parler plus bas,
Vous vous taisez par impuissance,
Et n’avez que vos seuls appas.
Ils doivent éblouir sans doute ;
Est-ce assez pour se faire aimer ?
Allez, puisqu’amour n’y voit goutte,
C’est l’oreille qu’il faut charmer.

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Commentaires

  1. De sinople à un paon d'argent
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    Voici le paon d'argent, cherchant amours nouvelles
    Auprès de la rivière aux étoiles d'azur.
    Sur son fier cheval d'or, il longera le mur
    Qui borde le jardin des compagnes fidèles ;

    Il contera fleurette à quelques poules d'or
    Que, peu sévèrement, surveille une chevrette ;
    Les poules le suivront, parmi les pâquerettes,
    Au travers du verger où plus d'un arbre dort.

    C'est le début du conte ; après, ça devient flou ;
    Peut-être un loup de sable, en sortant des broussailles
    Voudra-t-il pourchasser l'innocente volaille.
    Une voix l'avertit : « Méfie-toi du paon, loup ! »

  2. Janus-Pie
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    Il aime entendre Philomèle,
    Il y passe les plus beaux jours,
    Mais il ne lui est pas fidèle :
    Janus-Pie a plus d'un amour.

    Il est maître du voisinage,
    Seigneur aussi de ce canton,
    Il me l'a dit sur plus d'un ton,
    Janus-Pie, en son dur ramage.

    Janus-Pie n'est pas ennuyeux,
    Il se complaît en son plumage,
    Aussi, rien n'échappe à ses yeux,
    Il est le dieu de ce bocage.

  3. Paon d’inframonde
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    Plumes d’argent, motifs ornementaux,
    Chef élégant qu’une aigrette décore ;
    Lui, ce démon qui les défunts dévore,
    Semble avoir l’air d’un bon vivant, plutôt.

    Ces malheureux, peu leur chaut qu’il soit beau
    Ou que l’épée d’un archange il arbore ;
    En ces bas-fonds ils voudraient vivre encore,
    Et se nourrir, et boire un verre d’eau.

    Le paon s’en moque, et de sa voix puissante
    Il se répand en phrases offensantes ;
    Il jure autant que fait un vieux marin.

    Même sur terre, il était assez vache,
    Menant son peuple à grands coups de cravache ;
    Il est ainsi, ce cruel souverain.

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