Poème 'Le Sonnet – À Maître Claudius Popelin, émailleur et poète' de Théophile GAUTIER dans 'Poésies nouvelles et inédites'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Théophile GAUTIER > Le Sonnet – À Maître Claudius Popelin, émailleur et poète

Le Sonnet – À Maître Claudius Popelin, émailleur et poète

Théophile GAUTIER
Recueil : "Poésies nouvelles et inédites"

Les quatrains du Sonnet sont de bons chevaliers
Crêtés de lambrequins, plastronnés d’armoiries,
Marchant à pas égaux le long des galeries
Ou veillant, lance au poing, droits contre les piliers.

Mais une dame attend au bas des escaliers ;
Sous son capuchon brun, comme dans les féeries,
On voit confusément luire les pierreries ;
Ils la vont recevoir, graves et réguliers.

Pages de satin blanc, à la housse bouffante,
Les tercets plus légers, la prennent à leur tour
Et jusqu’aux pieds du Roi conduisent cette infante.

Là, relevant son voile, apparaît triomphante
La Belle, la Diva, digne qu’avec amour
Claudius, sur l’émail, en trace le contour.

1870

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Équipement du chevalier inexistant
    -----------------------------------------

    Qui forgera pour moi l’armure d’argent lisse ?
    Qui le solide écu, mur contre le danger,
    Chargé pour le combat de meubles inchangés ?
    Qui le sabre tranchant, pour combattre le vice?

    Qui de gueules fera mon écharpe, complice
    De maint long tour de garde où l’on ne peut bouger ?
    Qui mes chaussons d’azur, où je pourrai loger
    Ces pieds qui tant de fois me rendirent service ?

    Mais je n’existe pas ; nul n’écoute ma voix,
    Je poursuis mon chemin, héros sans toit ni loi,
    À pareille évidence il faut que je me rende.

    La plaine de sinople et de sable les cieux,
    D’or les astres errants qui ravissent mes yeux :
    Je suis inexistant, je suis une légende.

  2. Une fleur pour l’infante
    --------------

    Je proviens du jardin d’un humble chevalier,
    Sachez que mon image est sur ses armoiries ;
    Lui, qui voudrait m’offrir à l’infante Marie,
    Rêve de devenir un de ses familiers.

    Il guette cette dame au bas des escaliers,
    Porté par son amour qui jamais ne varie;
    Il n’a pas les moyens d’offrir des pierreries,
    Ses petits revenus ne sont pas réguliers.

    D’autres jours, chevauchant sa monture piaffante,
    Du royal édifice il fait sept fois le tour,
    Même dans la saison des chaleurs étouffantes.

    Sa flamme, cependant, n’est jamais triomphante,
    Telle fut envers lui l’ironie de l’amour ;
    Mieux que moi l’ont chanté jadis les troubadours.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS