Poème 'Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même' de Anna de NOAILLES dans 'Poème de l'amour'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Anna de NOAILLES > Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même

Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même

Anna de NOAILLES
Recueil : "Poème de l'amour"

Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même,
Malgré les multiples aspects.
Tu cherchais le repos ? Peut-être que tu m’aimes
Pour cette absence de ta paix !

Concevais-tu vraiment que le bonheur existe ?
Que l’on donne un ordre au destin ?
N’avais-tu donc jamais, d’un œil lucide et triste,
Vu le lent retour des matins ?

Dans l’immense ouragan où combattent les choses,
Poursuivais-tu d’autres loisirs
Que ces instants secrets où le désir compose
Un baume d’âme et de plaisir?

— L’amour n’est pas un don qui rend plaisante et stable,
La vie aux sursauts coutumiers;
Il fait mieux mesurer l’immensité des sables,
Le puits distant sous les palmiers !

Les travaux des humains, comme ceux des abeilles,
Vaquent aux soins de la cité,
Mais tout l’effort profond ne rêve et ne conseille
Que l’apaisante volupté;

C’est elle la chétive et complète patrie
Dont l’être est sans cesse exilé;
Acceptons que le sort protège et contrarie
Un vœu toujours renouvelé !

Acceptons que demain, comme aujourd’hui, demeure
Un jour d’espoir et de chagrin;
Il est beau de goûter le plaisir souverain
Dans l’étroit calice d’une heure !

Je refuse de croire à des jours aplanis
Où pour nous deux l’injuste chance
Arrêterait soudain, dans le temps infini,
L’oscillement de ses balances.

Certes j’eusse voulu charger d’un gai bonheur
Ma méditative caresse,
Mais peut-être ai-je mieux apparenté nos cœurs
Si je t’ai donné la tristesse…

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Partager l'insomnie, partager un sourire,
    Même si ce n'est pas bien longtemps ni souvent,
    C'est comme naviguer, poussés d'un même vent,
    Trouver d'un même coeur le meilleur et le pire.
    *
    C'est un accord qui semble impossible à construire ;
    Qui dira comme on tremble, un jour, en le trouvant ?
    Mais dans un univers chaotique et mouvant,
    On craint de ne pouvoir nulle part le conduire.
    *
    Qu'il nous suffise alors d'un seul instant nocturne
    Chaque fois qu'au zénith on voit briller Saturne !
    Pour ce fatal instant, ce monde est advenu.
    *
    J'entends sonner le glas, au clocher d'une église,
    De ce timide amour qui n'était pas de mise,
    Mais je n'ai nul regret de m'y être perdu.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS