Poème 'N’est-ce pas triste que nos yeux se ferment…' de Rainer Maria RILKE dans 'Vergers'

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N’est-ce pas triste que nos yeux se ferment…

Rainer Maria RILKE
Recueil : "Vergers"

N’est-ce pas triste que nos yeux se ferment ?
On voudrait avoir les yeux toujours ouverts,
pour avoir vu, avant le terme,
tout ce que l’on perd.

N’est-il pas terrible que nos dents brillent ?
Il nous aurait fallu un charme plus discret
pour vivre en famille
en ce temps de paix.

Mai s n’est-ce pas le pire que nos mains se cramponnent,
dures et gourmandes ?
Faut-il que des mains soient simples et bonnes
pour lever l’offrande !

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