Poème 'Si l’on chante un dieu…' de Rainer Maria RILKE dans 'Vergers'

Si l’on chante un dieu…

Rainer Maria RILKE
Recueil : "Vergers"

Si l’on chante un dieu,
ce dieu vous rend son silence.
Nul de nous ne s’avance
que vers un dieu silencieux.

Cet imperceptible échange
qui nous fait frémir,
devient l’héritage d’un ange
sans nous appartenir.

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Commentaires

  1. Dieu sans emploi
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    Il n’a pas de cosmos, il n’a pas de troupeau ;
    Il n’est ni dieu des flots, ni démon des épaves,
    Ni dieu des bons flacons, ni démon de la cave,
    Ni dieu des lupanars, ni démon des tripots.

    Il n’a pas de servants revêtus d’oripeaux,
    Pas de bol qu’on remplit, pas de verre qu’on lave ;
    C’est un dieu sans emploi, je le trouve bien brave,
    Plus vif qu’une limace et plus beau qu’un crapaud.

    En son humble maison dont jamais nul n’approche,
    Nous ne l’entendons pas proférer de reproches ;
    Il fuit la transcendance et tout ce saint-frusquin.

    Il me plaît de parler de ce dieu sans royaume,
    Car j’aime les vivants, mais surtout les fantômes
    Et les corbeaux tordus qu’on voit dans mes bouquins.

  2. Démon-tortue
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    Le diable-tortue chante, et ça nous fait frémir,
    Il réveille les morts au fond des sépultures ;
    C’est très inconfortable, et c’est contre nature,
    Les pauvres trépassés ne peuvent que gémir.

    Aucun ange du ciel ne les vient secourir,
    Ils n’échapperont pas au son qui les torture ;
    Au démon ces défunts sont jetés en pâture,
    Ce n’est pas un cadeau, pour ceux-là, de mourir.

    Un pareil châtiment pour deux ou trois bévues,
    Ils estiment que c’est une peine imprévue ;
    Car ils croyaient trouver le repos dans la mort.

    Nul ne sait apaiser la bête inassouvie
    Ni mettre à la raison ce monstre sans remords ;
    Nous en viendrions presque à regretter la vie.

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