Poème 'Stances élégiaques' de Gérard de NERVAL dans 'Poésies diverses'

Stances élégiaques

Gérard de NERVAL
Recueil : "Poésies diverses"

Ce ruisseau, dont l’onde tremblante
Réfléchit la clarté des cieux,
Paraît dans sa course brillante
Étinceler de mille feux ;
Tandis qu’au fond du lit paisible,
Où, par une pente insensible,
Lentement s’écoulent ses flots,
Il entraîne une fange impure
Qui d’amertume et de souillure
Partout empoisonne ses eaux.

De même un passager délire,
Un éclair rapide et joyeux
Entr’ouvre ma bouche au sourire,
Et la gaîté brille en mes yeux ;
Cependant mon âme est de glace,
Et rien n’effacera la trace
Des malheurs qui m’ont terrassé.
En vain passera ma jeunesse,
Toujours l’importune tristesse
Gonflera mon coeur oppressé.

Car il est un nuage sombre,
Un souvenir mouillé de pleurs,
Qui m’accable et répand son ombre
Sur mes plaisirs et mes douleurs.
Dans ma profonde indifférence,
De la joie ou de la souffrance
L’aiguillon ne peut m’émouvoir ;
Les biens que le vulgaire envie
Peut-être embelliront ma vie,
Mais rien ne me rendra l’espoir.

Du tronc à demi détachée
Par le souffle des noirs autans,
Lorsque la branche desséchée
Revoit les beaux jours du printemps,
Si parfois un rayon mobile,
Errant sur sa tête stérile,
Vient brillanter ses rameaux nus,
Elle sourit à la lumière ;
Mais la verdure printanière
Sur son front ne renaîtra plus.

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Gérard de NERVAL

Portait de Gérard de NERVAL

Gérard de Nerval, pseudonyme de Gérard Labrunie, né à Paris le 22 mai 1808 et mort à Paris le 26 janvier 1855, était un poète français. Il passe son enfance dans le Valois, dont les paysages furent source d’inspiration. A Paris, il mène une vie de bohème, fréquente le ‘Cénacle’ de Victor Hugo puis publie une... [Lire la suite]

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