Poème 'Superbes monuments de l’orgueil des humains' de Paul SCARRON

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Superbes monuments de l’orgueil des humains

Paul SCARRON

Sonnet

Superbes monuments de l’orgueil des humains,
Pyramides, tombeaux dont la vaine structure
A témoigné que l’art, par l’adresse des mains
Et l’assidu travail, peut vaincre la nature :

Vieux palais ruinés, chefs-d’oeuvre des Romains
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colisée, où souvent ces peuples inhumains
De s’entr’assassiner se donnaient tablature :

Par l’injure des ans vous êtes abolis,
Ou du moins, la plupart, vous êtes démolis ;
Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude.

Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir,
Dois-je trouver mauvais qu’un méchant pourpoint noir,
Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ?

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Commentaires

  1. Sagesse de Scarron
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    Scarron, tu contemplais le labeur des humains
    Qui au monde voulaient donner une structure :
    Tu vis que tout finit par glisser dans les mains,
    Et retourner, sans faute, à l'état de nature.

    Horace l'avait dit, le rhapsode romain
    Qui prisait sa chanson plus que l'architecture.
    Quand s'usent les souliers se creusent les chemins ;
    Sans chemin, sans souilers se finit l'aventure.

    D'Horace le propos, sans qu'il soit aboli,
    Aux pages des bouquins a fortement pâli ;
    Classique devenu, on l'oublie, on le boude.

    Scarron, ton beau pourpoint fut troué sans espoir
    Que l'on pût le recoudre avec un long fil noir ;
    Mais tu ris de la chose, et tu lèves le coude.

  2. Manoir de Scarron
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    Je me tiens à l’écart de mes frères humains,
    J’aime ma maisonnette et son humble structure ;
    Tous mes ivres sont presque à portée de mes mains,
    Je peux commodément les orner de ratures.

    Révisant mon latin dans un missel romain,
    Je vois que j’en conserve une faible teinture ;
    Je rêve d’être un scribe avec ses parchemins
    Ou encore un expert de la littérature.

    Je trie mes souvenirs en partie abolis,
    Car ma mémoire est comme un verre dépoli ;
    Le passé lentement se perd et se dessoude.

    Qui croit que la vieillesse est le temps de l’espoir ?
    Mais ils sont rassurants, ce modeste manoir
    Et le sobre bureau sur lequel je m’accoude.

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